Le 16 avril 2010, Ahlam Sehili et sa mère, habitantes du quartier de Hautepierre à Strasbourg, se rendent à la préfecture. Ahlam a écrit une lettre, où elle dénonce les violences et les menaces de mort qu'elle subi régulièrement de la part de son mari.
"Alors que j'avais ma sœur tous les jours au téléphone, je n'étais pas du tout au courant de la situation", se souvient Hager Sehili, la sœur d'Ahlam, dans Les Voix du crime. Ahlam et sa mère veulent faire annuler le titre de séjour du mari, arrivé en France le 5 mars 2010. La préfecture renvoie vers le commissariat central de Strasbourg.
Là-bas, Ahlam explique sa situation : elle souhaite porter plainte contre son mari. Contre toute attente, "l'officier de police judiciaire refuse d'enregistrer sa plainte, et affirme que c'est le commissariat de quartier qui doit s'en occuper", raconte Hager Sehili.
J'appelle toutes les semaines le tribunal. Pendant deux ans et demi, on me dit qu'il faut attendre.
Hager Sehili
Ahlam proteste. Hager Sehili relate l'échange surréaliste qui suit. "Le policier lui coupe la parole et dit : 'S'il vous arrive quelque chose, vous direz que c'est la faute de la police.'" Le lendemain, Ahlam est tuée par son mari, qui se défenestre ensuite.
Hager Sehili porte plainte pour retrouver le policier qui a refusé d'enregistrer la plainte. C'est le début d'un éprouvant parcours judiciaire qui va durer près de 11 ans. "J'appelle toutes les semaines le tribunal pénal de Strasbourg. Pendant deux ans et demi, on me dit qu'il faut attendre." Elle veut se constituer partie civile, mais le doyen des juges d'instruction refuse. Motif : "On me dit qu'il n'y a pas de plainte."
Le numéro de plainte avait été mal saisi dans le dossier. Hager Sehili est furieuse : "Là, c'est la guerre. Je dépose plainte contre l’État et je me constitue partie civile." En 2014, le président du tribunal pénal de Strasbourg, "un homme bienveillant, à l'écoute", statue sur une faute lourde de l’État mais déclare le tribunal incompétent.
C'est finalement au civil, le 17 mars 2021, que l’État est condamné à indemniser Hager Sehili pour "dysfonctionnement du service public de la justice", une première en France. "Comme dans un manège, toutes les émotions m'ont traversées en même temps : la colère, la rage, la tristesse. Mais aussi la fierté : à chaque fois qu'on va parler de cette condamnation, on va parler d'Ahlam."
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