Vingt ans après avoir tué un homme noir lors d'une séance de torture, un suprématiste blanc doit être exécuté mercredi 24 avril au Texas. Son crime, comparé à un "lynchage des temps modernes", avait révulsé l'Amérique.
À moins que la Cour suprême ne lui accorde un sursis à la dernière minute, John King, 44 ans, doit subir une injection létale ce mercredi à 18h00, heure locale (2h00 en France), dans le pénitencier de Huntsville (Texas). Cet homme, qui affichait des idées racistes et des tatouages nazis, a été condamné à la peine capitale en 1999 pour avoir participé avec deux autres Blancs au meurtre de James Byrd.
Dans la nuit du 7 juin 1998, ils avaient prétendu vouloir raccompagner cet homme noir de 49 ans qui rentrait à pied chez lui après une fête. Les trois hommes l'avaient en fait violemment battu, avant de l'enchaîner à l'arrière de leur camionnette et de le traîner sur plus de trois kilomètres. Son corps démembré avait été retrouvé le lendemain matin devant une église Noire de la petite ville de Jasper, au Texas.
En moins de 48 heures, la police avait interpellé les auteurs du crime : Shawn Berry, 23 ans, John King, 23 ans, et Lawrence Brewer, 31 ans. Les deux derniers, qui avaient rallié un gang de suprématistes blancs lors d'un séjour en prison, ont été condamnés à la peine de mort dans des procès distincts. Lawrence Brewer a été exécuté en 2011. Shawn Berry, qui avait coopéré avec les enquêteurs, a écopé de la réclusion à perpétuité.
Lors du procès de John King en 1999, des membres du Ku Klux Klan (KKK) et des Black Panthers avaient manifesté à Jasper, replongeant les États-Unis dans les heures sombres de leur histoire. Le père de l'accusé avait toutefois lancé un appel en faveur de la réconciliation raciale. "Nous sommes tous des êtres humains, noirs et blancs (...) Nous devons apprendre à nous aimer, pas à nous haïr", avait exhorté Ronald King. Dix ans plus tard, une loi du nom de James Byrd a été adoptée au niveau fédéral pour renforcer la lutte contre les crimes motivés par le racisme, l'homophobie ou toute autre haine ciblée.
De son côté, John King a toujours maintenu une attitude ambiguë. Dans une lettre adressée à un journal local, il avait clamé son innocence et assuré ne pas avoir été sur les lieux du crime. Sans s'expliquer sur les mégots de cigarettes retrouvés avec son ADN ou les autres éléments à charge, il avait ajouté être "persécuté" pour avoir "exprimé ouvertement" sa "fierté pour sa race".
Selon ses avocats, le jeune homme aurait été violé par des détenus noirs et se serait ensuite placé sous la protection d'un gang aux idées extrémistes, d'où ses tatouages faisant référence aux SS nazis, au KKK ou à la "fierté aryenne".
Sauf surprise, John King devrait donc être le quatrième détenu exécuté en 2019 aux États-Unis. Certains proches de sa victime s'opposent toutefois à la peine capitale, a rappelé la chaîne CNN. En 2011, lors de l'exécution de Lawrence Brewer, le fils de James Byrd, Ross, avait protesté : "Vous ne pouvez pas combattre un crime avec un crime". Mais trois de ses sœurs prévoient d'assister à l'exécution. "Cela ne nous guérira pas (...) Mais justice aura été rendue", a déclaré l'une d'elle au New York Times.
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