Escroquerie en famille : ils émettent plus de 300 faux chèques avant d'être incarcérés

Chaque semaine, Jean-Baptiste Nicolle, journaliste pour l'émission Ça peut vous arriver, dévoile une affaire révélée par la presse locale, dans le podcast L'arnaque du week-end. Cette fois, l'enquêteur raconte l'histoire improbable d'une famille dont chaque membre est accusé d'escroquerie et de blanchissement illégaux. 

C'est dans le journal local La Dépêche du Midi que l'affaire a été révélée. Les arnaqueurs, originaires du Montauban dans le Tarn-et-Garonne, viennent d’être jugés tous ensemble. Le père, la mère, la fille et le gendre se sont vus reprocher d’avoir émis pas moins de 300 faux chèques, à destination de dizaines de commerçants. Un système particulièrement bien rôdé. 

Max Lagarrigue, le journaliste qui a couvert l’affaire, explique le mode opératoire de cette famille : "C'est d'abord d'ouvrir plusieurs comptes bancaires dans différentes banques et de faire croire qu'ils sont des usagers en déposant un peu de liquidités. Et à partir de ce moment là, ils vont demander plusieurs chéquiers. Ils vont ainsi émettre plusieurs chèques sans provision, mais de manière massive. Le but de l'opération, c'est évidemment d'acquérir des objets de valeur pour pouvoir les revendre après sur des sites de petites annonces comme Le Bon Coin", précise-t-il. 

Parmi ces objets de valeur, on retrouve des vélos électriques. Ces individus en faisaient l’acquisition pour 4.000 euros. Puis les revendaient 2.000 euros. Autres objets ciblés : des tracteurs-tondeuses là-aussi dans la même gamme de prix. Ces personnes s’attaquaient également au matériel de BTP. Pourquoi ? Tout simplement pour réaliser des travaux sur des maisons qu’ils venaient d’acquérir. Ce qui leur permettait de revendre ces biens avec une belle plus-value.

Une enquête qui aura duré 3 ans

Malheureusement pour eux, ce business lucratif a vite atteint ses limites : "Cette famille a été démasquée par deux plaintes. La première, celle de la Banque de France, qui s'est aperçue qu'une centaine de chèques sans provision avaient été émis par certains comptes. Ces derniers avaient pourtant une injonction de ne plus émettre de chèques. Un signalement a donc été fait au procureur de la République de Montauban. Et dans un deuxième temps, plusieurs victimes se sont signalées auprès de la brigade de gendarmerie dans le Tarn-et-Garonne, parce qu'elles avaient reçu de multiples chèques sans provision. Et c'est de là que l'enquête a commencé", raconte Max Lagarrigue. 

Le verdict était une vraie surprise

Max Lagarrigue.

L'enquête a duré 3 ans. Car il a fallu regrouper toutes les victimes dans 21 départements différents. Le préjudice total se chiffrerait à 225.000 euros. Lors de perquisitions, 107.000 euros ont pu être retrouvés. Le reste, en revanche, avait déjà été dilapidé. Les mis en cause ont tout de même fini par passer devant la justice en octobre 2023. Et ce qui était frappant lors du procès, c’est qu’ils n’avaient pas l’air bien inquiets.

"Ils sont arrivés les mains dans les poches, assez sereins. Ils avaient changé de nombreuses fois d'avocat parce qu'ils ne souhaitaient pas régler les frais de leur défense. C'est peu dire de la mentalité des suspects. Pendant le jugement, ils n'ont pas véritablement reconnu la fraude de masse. Le verdict était une vraie surprise", se souvient-il.

Devant 200 parties civiles, le père et le gendre ont en effet respectivement écopé de 18 mois et de 24 mois de prison fermes. Plus surprenant encore pour ce genre d’affaire, ils se sont immédiatement retrouvés derrière les barreaux. La femme et la fille, elles, ont pris 12 mois et 8 mois de prison avec sursis. Il faut dire que ces personnes n’en sont pas à leur coup d’essai. Le gendre avait déjà été condamné par le passé pour "association de malfaiteurs". Il avait par exemple été reconnu coupable de casses dans des magasins de motoculture ou dans des bureaux de tabac.

Les arnaques de Jean-Baptiste Nicolle disponibles en podcast :

Auditeurs et abonnés au podcast de Ça peut vous arriver, découvrez désormais, chaque semaine, une arnaque dénichée par Jean-Baptiste Nicolle, journaliste enquêteur pour l'émission "Ça peut vous arriver" diffusée sur RTL et M6. Pour accéder chaque semaine à votre podcast, abonnez-vous au podcast de l'émission :

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