ENQUÊTE RTL - Crépol : pourquoi la justice n'a toujours pas identifié l'auteur du coup de couteau mortel

Onze personnes, dont un mineur, tous habitant à Romans-sur-Isère ou "à proximité immédiate", informent les enquêteurs, sont en garde à vue, quatre mois après le "bal d'hiver" funeste, le 18 novembre 2023, soirée durant laquelle Thomas Perotto, un jeune rugbyman de 16 ans, est mort. Poignardé.

Ce nouveau coup de filet sert, d'après une source proche de l'enquête, à "éclaircir les rôles de chacun". L'information judiciaire, en plusieurs semaines, ne permet en effet pas à ce stade d'établir un scénario précis des minutes qui précèdent le meurtre, et surtout, l'auteur du coup de couteau mortel n'est toujours pas identifié.

Tout au long des différents interrogatoires et auditions que RTL a pu consulter, on comprend qu'il n'y a pas eu d'expédition punitive. C'est plutôt une bagarre généralisée qui a éclaté, avec des coups et des insultes racistes échangés de part et d'autre, entre "jeunes de Crépol -blancs" (le détail a son importance), rugbymen-  et ceux de Romans-sur-Isère -plutôt des maghrébins (mais pas seulement), type "jeunes de cité". Torts partagés ? À ceci près que le second clan possédait des couteaux.

Dans son audition, un proche de Thomas Perotto, décrit : "J'ai vu des gens que je ne connaissais pas. Ils ne buvaient pas, ne chantaient pas, ne dansaient pas. Ils étaient là pour foutre la merde." Plusieurs témoins évoquent un groupe de "Maghrébins", debout à gauche de la buvette, qui ne prennent pas part à la fête. Parmi eux, Ilyes Z., ce que ce dernier confirme devant le juge d'instruction.

Qui est le "grand brun, avec des longs cheveux bouclés" ?

Ilyes Z., dépeint par le frère de la victime comme "le petit avec des cheveux longs et bouclés", a selon ce même témoin "essayé de mettre des coups de couteau". "Pour moi ils étaient venus pour tuer et non se battre, continue-t-il. Ils avaient pratiquement tous des couteaux."

Sauf qu'Ilyes Z., dans son dernier interrogatoire, en date du 16 février 2024, long de 20 pages, nie tout. "Je n'ai rien à dire. Si ce n'est que ce n'était pas moi et que je n'avais pas de couteau." Et il ajoute : "Et il faudrait être plus précis sur la longueur des cheveux." Les cheveux longs et bouclés, point commun d'Ilyes Z. et de J., deux principaux suspects identifiés, sont un point saillant de l'enquête.

On sait qu'une altercation survient notamment après qu'Ilyes Z. s'est "fait toucher ses longs cheveux par un jeune ayant dit "Tchikita", ou "cheveux longs comme Nikita"", en référence à une chanson du rappeur Jul. Le mis en examen insulte le jeune homme, du "clan" des rugbymen, qui lui propose d'aller régler ça dehors. Il est un peu moins de 2h du matin.

Ilyes Z. décrit des violences à son encontre, attestées par un certificat médical versé au dossier : "Je me retrouve contre une camionnette. [...] Je prends des coups un peu de partout sur la tête, le dos, le ventre, je me fais aussi piétiner la tête, pendant trente secondes à une minute."

Puis, dans les différents témoignages de part et d'autre, c'est le grand flou. Par exemple, un témoin dit aux enquêteurs : "Thomas [Perotto] était devant moi. Celui qui l'a poignardé était tout en noir", avec une "capuche". Ilyes Z. précise que lui était vêtu d'un bas de survêtement certes noir, mais avec des bandes blanches. Il portait aussi "une sacoche orange" et une "veste bleue". Un autre décrit un jeune homme frappant Thomas Perotto : "survêtement vert et violet, doudoune noire à capuche", et toujours ces "cheveux mi-longs, foncés, frisés". 

Dès le départ de la procédure, un témoin désigne l'auteur du coup de couteau mortel comme "un grand brun, avec des longs cheveux bouclés". L'un des avocats d'Ilyes Z., Vincent Brengarth, insiste : "Parmi les hommes mis en examen, il y en a au moins deux qui pourraient correspondre à cette description. Ils ont les cheveux longs." Dès leur procès-verbal de synthèse, les gendarmes soulignent la "ressemblance" entre Ilyes Z. et J.. Mais ce dernier, lui, assure qu'il n'était pas présent à la soirée... "Je n'ai jamais mis un pied dans un bal, que ce soit à Crepol ou ailleurs."

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