ENQUÊTE RTL - Affaire Cécile Vallin : ce que disent les interrogatoires de Monique Olivier

Tout commence par une question de l'avocat Didier Seban, côté parties civiles, au procès de Monique Olivier, l'ex-épouse de Michel Fourniret, devant la cour d'assises de Nanterre. C'était le 5 décembre 2023, et le journal Marianne l'a relevé.

Didier Seban met l'accusée face à ses déclarations de 2004 et 2005, devant les enquêteurs belges : "Vous avez dit qu'un jour Michel Fourniret était avec une jeune fille comme endormie sans réaction. C'était en juin 1997, ce soir-là, vous avez ensuite quitté la maison avec votre fils Sélim... [...] En juin 1997, une jeune fille de 17 ans, Cécile Valin disparaît à Saint-Jean-de-Maurienne", en Savoie. 

Là, coup de théâtre : Richard Delgenes, conseil de Monique Olivier, verse une pièce décisive aux débats : un procès-verbal daté du 11 juin 1997. Michel Fourniret déclare aux gendarmes que Monique Olivier a "abandonné le domicile conjugal". Trois jours après la disparition de Cécile Vallin.

Pourquoi Monique Olivier a-t-elle quitté le domicile conjugal ?

Une étude croisée de plusieurs procès-verbaux de 1997, et des interrogatoires de Monique Olivier en 2004 et 2005 par les policiers belges, permet, avec une datation bien plus précise, de raccrocher la disparition de Cécile Vallin à la piste Fourniret. Cécile Vallin avait 17 ans lorsqu'elle disparaît, le 8 juin 1997 au soir.

Le 11 juin 1997, donc, Michel Fourniret contacte la gendarmerie de Gédinne en Belgique, pour signaler, donc, "l'abandon du toit conjugal" par son épouse Monique Olivier, qui a emmené leur fils Sélim. Le tueur explique qu'il a "émis des reproches" à l'égard de sa femme le 9 juin 1997. Monique Olivier et Sélim rentrent finalement au domicile familial, et cette dernière décrit aux enquêteurs "une petite discussion", le 9 juin, entre elle et son époux. Une dispute qui a causé son départ. 

Ce nouvel élément accrédite donc le fait qu'un événement particulier est survenu le 9 juin 1997 à Sart-Custinne, le lendemain de la disparition de Cécile Vallin.

Éloigner leur fils du domicile quand Fourniret commettait ses crimes

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Interrogée par la police belge le 15 septembre 2004, à la suite de son arrestation - et de celle de son mari -, Monique Olivier reste vague : "Je me souviens que la veille (le 9 juin 1997), Michel s'était fâché pour une raison qui ne me revient pas". 

Le 13 juillet 2005, toujours devant les enquêteurs belges, Monique Olivier est bien plus précise, sans toutefois dater précisément les faits. Elle évoque néanmoins, et Didier Seban l'a repris devant la cour d'assises de Nanterre, "la fin de l'année scolaire", "il faisait chaud" dit-elle. Elle décrit une jeune fille aux cheveux courts, châtains clairs, "entre 16 et 18 ans". Ce qui correspond totalement au portrait de Cécile Vallin. 

"J'avais dû dormir avec Sélim dans la voiture parce que mon mari était avec une jeunette", lance-t-elle aux enquêteurs. "Si Fourniret revenait avec une jeune fille, c'était pour abuser d'elle et il ne fallait pas que Sélim soit présent", ajoute-t-elle encore.

Leur fils avait 8 ans à l'époque ; "je ne pouvais pas le laisser au lit", explique Monique Olivier. Le laisser au lit pendant que Michel Fourniret commettait son crime.

"Un véritable problème d'étanchéité entre les procédures"

Des nouveaux éléments, ou plus exactement un nouveau recoupement sur la base de l'exhumation d'éléments anciens, qui suscitent une réaction très forte de Caty Richard, l'avocate de la famille de Cécile Vallin depuis plus de vingt ans : "Quand le journaliste de Marianne, Laurent Valdiguié, m'a prévenue de ce moment d'audience, le ciel m'est tombé sur la tête. Jamais, à ma connaissance, il n'avait été fait état d'une jeune fille enlevée par Fourniret en 1997 !"

La pénaliste, auteure du livre Crimes, délits, et vies brisées (Albin Michel), est connue pour plonger dans les dossiers corps et âme, et plaider avec ses tripes, souvent du côté des parties civiles. Elle dénonce "un véritable problème d'étanchéité entre les procédures", qui fait perdre à la justice un temps précieux. 

Caty Richard a fait une demande d'actes dès fin décembre, auprès de la juge d'instruction en charge du dossier Vallin au pôle cold-cases de Nanterre. Elle demande notamment l'interrogatoire de Monique Olivier sur la base de ces nouveaux éléments précis, ainsi que la comparaison des ADN de Cécile Vallin avec celui d'une jeune fille enterrée sous X en 1997 dans l'Yonne. Monique Olivier devrait être convoquée pour être interrogée à Nanterre d'ici peu, comme l'a révélé Le Parisien.