Double meurtre à Montauban : ces éléments qui ont permis d'innocenter un adolescent

Le 14 novembre 2019, Mehdi Gayrard, 17 ans et sa petite amie Laura se réveillent dans la nuit. Des bruits en bas du domicile familial de Villebourbon (Montauban) les interpellent. Paniqué, l'adolescent descend et fait une effroyable découverte : un individu, vêtu de noir, agresse physiquement sa mère. Mehdi n'a pas le temps de lui porter secours : l'agresseur, à la vue de Mehdi, sort son fusil et abat Émilie, sa mère. Puis la petite amie de l'adolescent, en plein cœur. L'ado se jette alors sur le tueur et tente de le neutraliser. 

Dans Enquêtes criminelles, Mehdi Gayrard est revenu sur cet instant. "J'ai réussi à le maîtriser et à le mettre sur mon lit. J'ai pris son piquet de clôture et je lui ai planté au niveau du ventre. Pour moi, il était mort."

Le forcené parvient malgré tout à s'échapper. Pris de panique, l'adolescent appelle à l'aide, et toque chez des voisins. Alors qu'il est en état de choc, Mehdi prononce une phrase qui va tout faire basculer : "J'ai fait une connerie, je l'ai tué", a-t-il confié aux habitants d'une maison voisine. Une phrase qui va être considérée par les enquêteurs, comme un aveu. En réalité, l'adolescent désignait le tueur, et non ses proches défuntes. 

De victime, Mehdi devient le principal suspect de ce double meurtre. Ce dernier a beau nier toute implication : tout semble le désigner. Un fusil a bien été retrouvé au domicile de sa mère, mais rien d'autre ne vient corroborer son témoignage sur les lieux du crime. 

Un témoignage clé, des lunettes cassées, et un brouilleur téléphonique...

Si tout semble accuser le garçon, le témoignage de Beverly, une amie de la mère de Mehdi vient chambouler les certitudes des enquêteurs : la veille de sa mort, Émile lui aurait confié ses soucis récents avec son propriétaire, Eric Galo. Et pour cause : cette mère célibataire n'aurait pas réussi à régler ses loyers, la somme de ses dettes s'élevant à près de 3.000 euros. 

Des lunettes retrouvées sur les lieux du drame appuient ces nouvelles déclarations. Envoyées au laboratoire d'analyse, l'ADN présent sur celles-ci confirme cette hypothèse : il s'agit bien de celui d'Éric Gallo, le propriétaire d'Émilie. Les preuves se succèdent : des antennes de brouilleur téléphonique ont été retrouvées sur la scène de crime, la nuit du drame. 

"On a retrouvé chez lui le reste du brouilleur. Les deux antennes cassées appartiennent sans aucun doute possible à son appareil", expliqueÉ un journaliste dans Enquêtes criminelles. "Le but est finalement que ses victimes ne puissent absolument pas contacter les services de police ou ne puissent absolument pas demander de l'aide". 

Un procès renvoyé

Les enquêteurs constatent également la présence de piquets de clôture au sein du domicile, identiques à ce qu'avait décrit Mehdi lors de sa déclaration. Plus étrange encore, le suspect a éteint son téléphone portable le soir du drame, de manière à ce qu'il n'y ait pas de localisation possible. 

Face aux preuves, Galo a fini par reconnaître son implication dans cette affaire, mais affirme ne pas se souvenir de ce qu'il s'est passé. Mehdi, accusé à tord depuis le début de l'enquête, a été libéré à la suite des aveux de ce dernier. Le 31 janvier 2023 s'est ouvert le procès du bailleur Éric Gallo pour le double meurtre de Laura Macloud et Émilie Gayrard. Un procès très attendu par les proches des victimes, qui ne s'est pas déroulé comme prévu : la veille du verdict, l'accusé a été victime d'un infarctus, renvoyant alors le procès à une date ultérieure. 

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