10 ans. C'est le temps qu'il a fallu à Dalie Farah pour écrire son roman Retrouver Fiona. Pour l'écrivaine clermontoise, tout commence le 12 mai 2013 avec le bruit des hélicoptères. L'agitation extérieure la questionne.
Mais que se passe-t-il dehors ? Elle apprend alors qu'une certaine Fiona, 5 ans, aurait disparu alors qu’elle se promenait avec sa mère dans le parc Montjuzet à Clermont-Ferrand. Juste en bas de chez elle. En observant les recherches de sa fenêtre, l'autrice ne mesure pas encore la tournure que cette affaire va prendre.
Derrière cette disparition se cache en réalité une vérité inavouable, qui éclatera quatre mois plus tard, en septembre 2013. Cécile Bourgeon, la mère de Fiona, révèle que sa fille n’a jamais disparue. Tout a été orchestré pour dissimuler son meurtre. L'affaire se transforme soudainement en infanticide et à l'annonce de la nouvelle, la ville de Clermont-Ferrand se révolte.
"Ça fait une sorte d'explosion", se rappelle Dalie Farah dans Les Voix du Crime. La haine s'installe : tout le monde s’est pris de compassion pour la détresse de cette mère, qui a finalement berné la France entière. Mais comment une mère peut-elle tuer son propre enfant ?
Il faut comprendre le crime et le comprendre, c'est simplement en comprendre les mécanismes
Dalie Farah
Devant cette affaire, Dalie Farah fait le parallèle avec sa propre vie. "Il y a des résonnances qui font que je me suis très vite sentie chez moi", confie-t-elle. Elle-même enfant maltraitée, l'écrivaine cherche à comprendre les éléments qui ont mené Fiona vers cette mort tragique.
"Il faut comprendre le crime et le comprendre, c'est simplement en comprendre les mécanismes. Et comprendre les mécanismes, c'est possiblement espérer les enrayer", déclare l'écrivaine.
Recherches, enquête, procès… L'autrice suit de près l'affaire. Elle observe et décrypte. Pour elle, chaque détail a son importance. Dans son enquête littéraire, Dalie s'intéresse au quotidien de Cécile Bourgeon et de son compagnon Berkane Makhlouf, avant le meurtre de Fiona, à leur toxicomanie, à leur parcours de vie et surtout à leur enfance respective.
"Cécile Bourgeon avait besoin d'une violence pour la protéger, parce que sa vie à elle, ça a été tout le temps la recherche de protection et de sécurité. Et Berkane Mahklouf, lui, avait besoin d'une petite chose à dominer, à contrôler", poursuit l'autrice.
La violence se fabrique et ce n'est pas une histoire d'excuser ou pas excuser
Dalie Farah
Pour Dalie Farah, tous ces "détails ne sont pas intéressants du point de vue de la procédure. Mais l'écrivain, quand il essaie de reconstituer la réalité, va s'intéresser à ce qui échappe au commun", explique-t-elle. Un détail en particulier a notamment marqué cette dernière : Cécile Bourgeon avait punaisé sur le frigo de l'appartement, le procès verbal du viol qu'elle a subi un an avant le meurtre de sa fille.
Retrouver Fiona, publié le 8 mars aux Éditions Grasset, clôt des années d'enquête et de réflexion autour des mécanismes de la violence, et de son origine.
"La violence se fabrique et ce n'est pas une histoire d'excuser ou pas excuser", explique Dalie Farah, avant de poursuivre : "Le cœur de mon livre, c'est de montrer que le socle de toutes les violences et de toute la chaîne de domination, c'est les violences faites aux enfants."
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