Disparues de l’A6 : quel est ce dossier entre les mains du pôle cold-case de Nanterre ?

Elles s'appelaient Françoise Bruyère, Marie-Agnès Cordonnier, Sylvie Aubert, Christelle Maillery, Marthe Buisson, Christelle Blétry... Ces jeunes filles et jeunes femmes, âgées de 13 à 23 ans, ont toutes été retrouvées dans un rayon de 200 kilomètres, le long de l’autoroute A6, principalement dans le département de Saône-et-Loire entre 1984 et 2005. Des meurtres sauvages et sanglants, qui ont interrogé sur la présence d'un tueur en série dans la région.

En 2022, une nouvelle enquête est remontée entre les mains du pôle cold-case de Nanterre :  le meurtre de Carole Soltysiak, 13 ans, une des "disparues de l'A6", violée et tuée en 1990 près de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). Dans cette affaire, deux suspects sont mis en examen depuis plus de 22 ans et des expertises scientifiques sont attendues rapporte France 3 Bourgogne-Franche Comté. 

Deux des tueurs, sur une dizaine de crimes, ont été identifiés à ce jour : Pascal Jardin et Jean-Pierre Mura et condamnés respectivement à la prison à perpétuité et à 20 ans de réclusion. Le premier a été reconnu coupable du meurtre de Christelle Blétry en 1996, et le second de Christelle Maillery en 1986. D'autres assassinats demeurent inexpliqués. 

Je pense qu'en Saône-et-Loire, tous ces dossiers dérangent

Marie-Rose Blétry

Dans L'Heure du Crime, Marie-Rose Blétry, la mère de Christelle Blétry, une jeune femme retrouvée poignardée de 123 coups de couteau le 28 décembre 1996, a exprimé son incompréhension devant les failles des enquêtes menées dans le cadre des "disparues de l'A6". Elle est aujourd'hui fondatrice de l'association Christelle qui regroupe les proches de victimes dans cette affaire.

"Je pense qu'en Saône-et-Loire, tous ces dossiers dérangent ou ne dérangent pas. On les empile, on les met de côté et on ne veut pas les travailler. Dans l'affaire Maillery, une enquêtrice n'a pas voulu aller du côté de Chamonix pour entendre un témoin, parce que c'était trop loin, et puis parce qu'elle n'y croyait pas (…) On a le sentiment qu'il fallait vraiment batailler pour qu'on soit écoutés", a-t-elle déclaré. 
Au micro de Jean-Alphonse Richard, Me Corinne Hermann, avocate spécialisée dans les affaires non résolues, est revenue à son tour sur son combat pour la résolution de ces dossiers criminels, dont certains ont été proches du non-lieu. Entre autres, le meurtre de Sylvie Aubert, une caissière disparue le 14 novembre 1986, et dont le corps a été retrouvé dans une rivière. "Il faut combattre cette justice qui ne veut pas travailler et qui considère qu'un dossier, un peu plus ancien, ça demande des efforts, et qu'on ne peut plus trouver, c'est faux", a-t-elle insisté.