Cédric Jubillar "a loupé tous ses devoirs de père" : l'avocat des enfants déplore sur RTL le comportement de l'accusé à l'audience

Comment dire aux enfants que papa a tué maman ? C’est la question terrible à laquelle Maître Laurent Boguet a dû se confronter. L’avocat, qui représente Louis et Elyah, les enfants du couple Jubillar, se retrouve à la croisée du droit et du chagrin. Car au-delà du tumulte médiatique et judiciaire, il y a deux enfants de 6 et 11 ans, privés d’une mère disparue et d’un père désormais condamné pour meurtre.

Le procès Jubillar, hautement médiatisé, a passionné la France pendant quatre semaines. À l’issue de débats intenses, la cour d’assises du Tarn a condamné Cédric Jubillar le 17 octobre à 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son épouse Delphine, disparue fin 2020 près d’Albi.

Le corps de l’infirmière n’a jamais été retrouvé. Resté impassible à l’énoncé du verdict, l’artisan de 38 ans a retrouvé la prison de Toulouse. Un nouveau procès se tiendra en 2026, la défense ayant fait appel. Mais pour les enfants, la peine du père ne referme rien.

"Il y a eu quatre semaines d’âpres combats, au terme desquels la justice de notre pays a considéré qu’il y avait suffisamment de charges pour pouvoir condamner Cédric Jubillar du meurtre de sa femme, en dépit de ses dénégations."

Maître Boguet sur RTL

Lors de sa plaidoirie, il a souvent répété ces mots: "Rendez-nous Delphine." Mais peut-on encore espérer retrouver la dépouille de la jeune femme ? "C’est très compliqué… Les experts psychologues et psychiatres ont expliqué combien il pouvait être difficile pour quelqu’un, sous peine de s’effondrer narcissiquement, de reconnaître les faits", confie l'avocat au micro de RTL. 

"Le préalable, c’est que Cédric Jubillar, avant de rendre la dépouille de sa femme, accepte la décision de justice en ce qu’elle le désigne comme l’auteur et le dissimulateur. Nous, dans l’intérêt des enfants, c’est une quête sans fin." Tout au long du procès, l’espoir d’un aveu a plané. "J’ai eu le sentiment qu’il pouvait être ébranlé", admet maître Boguet. Mais Cédric Jubillar n’a pas cédé. "Il ne fallait surtout pas qu’il parle. Il fallait qu’il reste mutique pour permettre d’instaurer une logique de doute. Peut-être que le second procès aura une présentation différente."

"Papa a menti"

Comment expliquer l’inexplicable à des enfants ? Pour Maître Boguet : "Louis avait en lui une crainte. Il était parti de l’idée assez simple que son père avait menti, car il tenait des propos contradictoires entre les révélations qu’il avait pu faire à des codétenus et celles à des femmes qui avaient remplacé sa maman."

Le garçon de 11 ans a tiré une conclusion à sa portée : "Il part du principe que ‘c’est pas beau de mentir’ et que cela dissimule quelque chose."

Pour Elyah, 6 ans, la douleur prend une forme différente. "Elle a un souvenir théorique de sa maman, elle recherche l’odeur sur les vêtements", raconte l’avocat. "Elle avait la conviction que, d’un coup de baguette magique, elle pouvait ramener sa maman qui s’était perdue. C’est encore une autre dialectique. Elle va cheminer vers la compréhension."

Face à ce drame, Maître Boguet ne cache pas son amertume envers le père. "Il évolue avec une conscience presque handicapée de ses devoirs face à la justice. Il a loupé tous ses devoirs de père", estime-t-il. Et d’ajouter, non sans espoir : "J’espère qu’avec le temps, il évoluera. Il fallait que la justice les renseigne sur le regard qu’ils devaient porter sur leur père."

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

Je créé mon compte Se connecter

S’abonner à la Newsletter RTL Info