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Ce que révèle le procès Jubillar sur nous et notre époque
Crédit : RTL
C'est une affaire qui a pris une place importante dans les médias et dans l'inconscient collectif : le procès de Cédric Jubillar, condamné à 30 de prison pour le meurtre de son épouse, Delphine. Alors que certains se sont déplacés en foule ce vendredi 17 octobre pour assister au verdict de la cour d'assises du Tarn, on peut se poser la question : qu'est-ce qui fascine autant dans cette affaire ?
Si l'affaire est un mystère, un cold case sans corps et sans preuve, qui parle de famille et de possibles violences domestiques, qui sont des sujets importants, c'est aussi un procès à rebondissements, avec du suspense et beaucoup d'émotion. On s'identifie aux personnes impliquées comme aux personnages d'une histoire, explique Augustin Trapenard sur RTL.
Il n'y a qu'à voir la façon dont l'affaire est racontée, aussi bien dans les médias que sur les réseaux sociaux, avec une narration qui s'apparente à celle de la fiction. Sur Arte, la mère de Cédric Jubillar est elle-même présentée comme un personnage de tragédie : "Il y a de la tragédie grecque dans l'histoire de cette femme, cette mère, cette grand-mère qui se dit donc rongée par la culpabilité. Devait-elle continuer à se taire pour préserver son fils ou parler afin de soulager sa conscience ?"
L'héroïne de tragédie grecque, archétype du personnage de fiction. De quoi amené à se questionner sur les raisons de la fascination collective pour cette affaire, et pour le fait divers au sens large. Dans un contexte politique, social et économique asphyxiant, ce type d'actualité représente une diversion. Voire, pour certains, du divertissement.
Le sociologue Pierre Bourdieu soulignait lui-même il y a trente ans le jeu de mot entre "faits divers et divertissement" : "Les faits divers, ce sont des faits qui font diversion. On écarte les informations pertinentes que devrait posséder le citoyen pour exercer ses droits démocratiques."
La question que l'on doit se poser devient alors : de quoi ne parle-t-on pas lorsqu'on parle de l'affaire Jubillar ? En capitalisant sur l'émotion, le mystère, le suspense, en utilisant les mécanismes de la fiction, on fait du divertissement, mais on fait surtout diversion. Une façon d'échapper aux crises politiques qui saturent l'espace médiatique, en parlant d'autre chose.
Le procès devient une oeuvre de diversion, avec Cédric Jubillar dans le rôle du méchant. On en oublie que les questions des violences conjugales, du féminicide, de la situation sociale de cette famille, sont des sujets éminemment politiques. On préfère en faire une affaire, un cas individuel et sensationnel, au lieu d'interroger un système.
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