"On a atteint des sommets de barbarie." En déplacement à Clermont-Ferrand, ce vendredi 5 septembre, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a déploré une escalade inédite du trafic de drogue dans la ville. Dans certains quartiers, le trafic de drogue gangrène la vie quotidienne des habitants à bout de nerfs. Depuis janvier, quatre personnes ont été tuées et une autre grièvement blessée dans la capitale auvergnate dans des règlements de comptes liés aux stupéfiants. Le week-end des 30 et 31 août, deux fusillades ont éclaté en l’espace d’une heure, faisant trois blessés dont deux graves.
Le phénomène a pris de l’ampleur en deux temps. Il y a trois ou quatre ans, les premiers points de deal se sont installés au grand jour, jusque dans le centre-ville, notamment avenue Charras. Jusque-là, l’activité restait confinée aux quartiers nord et était relativement discrète.
Aujourd’hui, cette artère centrale vit au rythme des violences. Nicolas, qui y tient une auto-école, dit vivre un véritable cauchemar et craint de se retrouver victime d’une balle perdue : "C’est invivable. Il y a des impacts de balles en face de mon auto-école. Ça faisait des mois qu’on alertait. J’avais peur que ça tombe sur les gamins qui viennent prendre des cours, c'est hallucinant. La mairie ne fait rien. Mon commerce est en train de péricliter : zéro client en juin, deux en juillet. Il y a énormément de colère."
Ce gérant assure que la peur s’installe à tel point que les habitants n'osent plus venir dans ce quartier. "À cause du trafic, les parents me disent : 'On va ailleurs'. La mairie dit que ce n'est pas son rôle, que c'est aux autres de s'en occuper. Mais pour nous, c'est à tout le monde de faire, l’État comme la ville. Tout le monde doit mettre la main à la pâte", s'insurge-t-il.
Depuis le début de l'année, la violence dans la ville a franchi un nouveau cap avec quatre morts et plusieurs blessés graves dans une série de fusillades entre groupes de trafiquants rivaux. Une situation inédite puisque le dernier règlement de comptes à Clermont-Ferrand - et le premier de l'histoire de la ville - remontait à 2019.
Désormais, toute l’échelle du trafic de drogue est visible : des jeunes guetteurs aux chefs de réseau et aux caïds. Treize d’entre eux ont été interpellés au printemps lors du démantèlement d’un point de deal majeur par les policiers. Beaucoup d'entre eux viennent des quartiers défavorisés de la ville, d’autres sont envoyés depuis l’extérieur. Cet été, une victime d'un règlement de compte retrouvée calcinée dans une voiture et un jeune homme mis en examen pour une fusillade ont ainsi été identifiés comme originaires d’Avignon. Ils avaient été envoyés spécialement pour rivaliser avec les groupes locaux.
Si certains voudraient comparer la situation à la ville de Marseille, l’ampleur du trafic reste moindre. Clermont-Ferrand compte 300 000 habitants, contre près de deux millions dans la cité phocéenne. Aucune organisation structurée comme la DZ Mafia n'y est implantée. Mais Clermont-Ferrand est désormais pleinement intégrée au maillage du trafic de drogue français qui opère dans tout le sud-est de la France à Grenoble, Valence ou encore Avignon.
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