"La cocaïne va bientôt coûter moins cher que le paquet de cigarettes" : Morlaix, Clermont, Échirolles... Le désarroi des maires face au trafic de drogue

Dans une enquête réalisée par Le Nouvel Obs, plusieurs maires de France confient la place importante qu'a pris le trafic de drogue dans leur communes et les actions qu'ils tentent de mettre en place pour le limiter.

Des agents de police surveillant un point de deal à Échirolles, en septembre 2024.

Crédit : JEFF PACHOUD / AFP

LE MONDE EN MARCHE - Ces élus qui défient les dealeurs

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Le trafic de drogue s'est largement développé en France durant les dernières décennies. Dans les récits que fait le gouvernement, la République est intraitable et s'attaque à la drogue sans faiblir mais selon la vision des maires de l'Hexagone, c'est elle qui ronge inlassablement la République et qui s'insinue partout, même là où on l'attend un peu moins.

À Morlaix, dans le Finistère, "la drogue est partout, c'est comme l'alcoolisme dans les familles", raconte le maire Jean-Paul Vermeau dans un dossier coup de poing. publié par Le Nouvel Obs. Les agents de la BRI, la brigade antigang, sont même intervenus en novembre dernier dans un village voisin de 1.200 habitants pour arrêter deux trafiquants.

À Clermont, "la cocaïne va bientôt coûter moins cher que le paquet de clopes", s'étrangle le maire socialiste, Olivier Bianchi. Dans cette ville de 150.000 habitants, 35 points de deal sont localisés au milieu de l'espace public, près des écoles, des parcs ou de l'hôpital. "Ils agissent comme des commerçants. Ils s'installent parfois avec des fauteuils de bureaux dans la rue. Même les bourgeois de Clermont en pâtissent. Et les trafiquants ne sont plus les mêmes", fustige l'édile.

"J'ai un point de deal à proximité d'une école. Les institutrices m'ont dit qu'il y a dix ans, elles connaissaient les mômes, elles pouvaient leur parler. Aujourd'hui, elles sont contrôlées à l'entrée des quartiers pour savoir ce qu'elles viennent y faire", poursuit-il.

Différents modes d'action pour limiter le trafic de drogue

Ses maires ne sont pas simplement témoins, ils essayent aussi d'agir. "On a une guerre à mener, il nous faut des soldats", a affirmé à nos confrères le maire de Port-de-Bouc, une ville de 15.000 habitants, près de Martigues, qui demande des renforts de police au ministère de l'Intérieur. À Montpellier, le maire s'attaque aux faux commerces, kebabs, barbiers, épiceries, qui servent avant tout à blanchir l'argent.

À Morlaix, la mairie a embauché une éducatrice spécialisée pour essayer d'empêcher les gamins de 15 ans de glisser vers le trafic. Du côté d'Échirolles, près de Grenoble, la maire a fait évacuer un immeuble entier squatté par des dealers. À Bordeaux, le maire écologiste, Pierre Hurmic, s'est résolu à armer une partie de sa police municipale.

À Clermont également, le maire sait que l'action locale est indispensable, mais insuffisante. "Si on arrête deux guetteurs ou deux vendeurs, ils seront remplacés dans la demi-heure. Il faut s'attaquer à la tête de l'hydre, aux donneurs d'ordre, au Qatar ou ailleurs", estime-t-il.

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