Le mouvement "Bloquons tout" est-il arrivé à ses fins ? La France n'a pas été à l'arrêt, ce mercredi 10 septembre, comme annoncé, mais elle a connu une journée sous tension avec des centaines de blocages et tentatives de blocages à travers le pays, contrées par les forces mobilisées par dizaines de milliers dès la nuit de mardi à mercredi.
Les premières actions ont débuté dans la matinée. Le trafic ferroviaire a été perturbé sur plusieurs axes, dans les Hauts-de-France, l'Occitanie, l'Auvergne-Rhône-Alpes ou encore l'Île-de-France. À Toulouse, Lyon et Paris, les forces de l'ordre ont dû intervenir assez tôt pour mettre fin à des blocages. À 9 heures, 75 interpellations étaient déjà recensées en agglomération parisienne. Deux heures plus tard, une tentative d'intrusion a été évitée en Gare du Nord. Un attroupement d'un millier de personnes avait tenté d'entrer dans la gare, mais l'action a été déjouée par les forces de l'ordre. Aux alentours de 11 heures, le nombre d'interpellations s'élevait à 192 interpellations, dont 132 seulement à Paris.
Avant la mi-journée, le ministère de l'Intérieur avait ainsi recensé 29.000 manifestants pour 430 actions, répartis en 273 rassemblements et 157 blocages.
Le dernier recensement en date, dévoilé à 17 heures par le ministère de l'Intérieur, fait état de 175.000 participations dans le pays. Au total, 473 personnes ont été interpellées. Les services de renseignement avaient recensé 812 actions dont 550 rassemblements et 262 blocages. Bruno Retailleau a revendiqué dans la soirée la "mise en échec de celles et ceux qui voulaient bloquer le pays". "Les bloqueurs n'ont pas bloqué la France. (…) Force est restée à la loi", a insisté le ministre démissionnaire de l'Intérieur, tout en qualifiant d'"importante" cette mobilisation qui a rassemblé selon lui près de 200.000 participants.
Un constat et des chiffres contestés par les syndicats. "On a recensé plus de 1.000 actions de grève, et nous savons que nos chiffres ne sont pas exhaustifs, donc c'est une journée qui est très réussie", assurait Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, au micro de RTL. Elle revendique "plus de 250.000 participants".
Ils étaient 8.000 à Marseille dans le cadre de la manifestation déclarée, selon la police, 30.000 selon un membre de l'organisation du 10 septembre et 80.000 selon la CGT. Dans la cité phocéenne, où les manifestations dégénèrent rarement, un millier de personnes ont par exemple tenté de s'introduire dans la gare Saint-Charles, certains jetant des bouteilles en verre. Ils ont été repoussés par les CRS sous les gaz lacrymogènes.
À Lyon, ils étaient environ 8.000 personnes, selon la préfecture. Des cortèges spontanés se sont détachés dans l'après-midi, provoquant des affrontements avec les forces de l'ordre qui ont utilisé du gaz lacrymogène face à des groupes de manifestants, dont certains lançaient des pavés selon un journaliste de l'AFP.
Quelque 6.000 manifestants étaient présents à Montpellier, selon les autorités. Ils brandissaient des pancartes anticapitalistes, pour la défense des services publics, ou proclamant "Lecornu t'es foutu" tandis que plusieurs commerçants avaient préféré baisser le rideau. Les CRS ont fait usage de gaz lacrymogène lorsque des manifestants ont tenté de quitter la place de la Comédie pour emprunter la principale artère commerçante dans le centre piétonnier. Vers 14h, un face-à-face a eu lieu entre les manifestants et les CRS, qui ont fait usage d'un canon à eau et de gaz lacrymogènes.
À Valence, près de 2.500 manifestants ont également répondu présents, selon la préfecture. Quelques 300 personnes qui bloquaient les voies de la gare TER, interrompant le trafic, ont été évacuées. Un train avec 25 passagers est notamment resté bloqué pendant plus de trois heures à proximité de la ville. Au niveau de la sortie sud de la ville, des piétons se sont un temps introduits sur l'A7, selon Vinci Autoroutes.
Les rangs étaient également très fournis à Grenoble (11.000 selon la police, 12.500 selon la CGT) et à Rennes avec 10.400 personnes selon la préfecture et où la police a dispersé la foule à l'aide de gaz lacrymogène et d'un canon à eau et a interpellé 23 personnes. À Rennes, un bus a été saccagé et incendié par des manifestants sur la rocade, a rapporté Star, le réseau de transports en commun de la ville.
À Toulouse, des affrontements entre de jeunes manifestants, parfois équipés de masques à gaz, lunettes de ski ou de natation, et les forces de l'ordre ont vu le jour alors que le cortège arrivait à son point de dispersion, non loin du centre-ville. Des abribus ont été cassés, des éléments de voirie dégradés en fin d'après-midi, ont constaté des journalistes de l'AFP. La préfecture a fait état de 61 interpellations en Haute-Garonne sur la journée.
La manifestation à Paris a été marquée par plusieurs incidents ce mercredi. En fin d'après-midi, 473 personnes avaient été interpellées dont 203 à Paris, et 339 placées en garde à vue dont 106 à Paris, selon les derniers chiffres de Beauvau. Dans le centre de la capitale, un incendie a endommagé la façade d'un immeuble, peut-être provoqué involontairement par une intervention policière, selon le parquet.
La station Châtelet - Les Halles, nœud majeur du transit de la région Île-de-France, a été fermée à la demande des forces de l'ordre. Idem pour son centre commercial qui a fermé ses portes en raison d'appels à piller les magasins sur les réseaux sociaux.
Les agents de la Fonction publique d'État étaient 4,58% à faire grève, soit plus de 38.000 agents dont la majorité dans l'Éducation nationale, selon des chiffres du ministère de la Fonction publique.
Outre la fonction publique d'État (FPE) et ses 2,5 millions d'agents, parmi lesquels on dénombre plus de 29.000 grévistes dans l'Éducation nationale, le ministère a annoncé un taux de grévistes de 7,3% dans la fonction publique hospitalière (FPH) et de 5,22% dans la fonction publique territoriale (FPT), selon un bilan à 19h.
La mobilisation des 5,8 millions d'agents publics était moins importante que celle de décembre 2024, sous le gouvernement de Michel Barnier, quand près de 20% des agents de la FPE étaient en grève à l'appel d'une intersyndicale large.
Cette fois, hormis la CGT, première force syndicale dans l'ensemble de la fonction publique, et Solidaires, les syndicats n'avaient pas clairement appelé à la mobilisation et à la grève le 10 septembre, la plupart se réservant pour le rendez-vous intersyndical du 18 septembre.
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