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Amine Kessaci, pose à Marseille, le 27 mai 2024.
Crédit : Nicolas TUCAT / AFP
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Nouveau drame à Marseille. Mehdi, un jeune homme de 20 ans qui rêvait de devenir policier, a été tué par balle, jeudi 13 novembre, en plein jour vers 14h30. Sans révéler son identité, le procureur de Marseille Nicolas Bessone a indiqué dans un premier temps qu'un jeune homme inconnu des services de police et de justice, est mort dans le 4e arrondissement de la cité phocéenne, près de la plus grande salle de concert de la ville.
"Une moto s'est portée à hauteur du véhicule de la victime qui venait de se garer. Le passager arrière de la moto a tiré à plusieurs reprises sur la victime, qui était toujours dans son véhicule. Plusieurs étuis de 9 mm ont été retrouvés sur place", a détaillé d'abord le procureur. La victime s'agit en réalité du petit-frère d'Amine Kessaci, militant engagé contre le narcotrafic.
La préfète de police déléguée des Bouches-du-Rhône, Corinne Simon, a assuré de son côté que l'enquête était "une priorité" pour retrouver les auteurs. Mehdi, à bord de son véhicule, a été abattu par deux hommes à moto alors qu'il venait de se garer.
Était-ce donc un assassinat d'avertissement, alors qu'en 2020, la famille de six enfants avait déjà été endeuillée par la mort de Brahim, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule ?
"Il est naturellement trop tôt pour avoir une hypothèse certaine sur les faits, mais c'est évidemment une hypothèse qui est envisagée. Les éléments objectifs à ce stade de l'enquête sont que, Mehdi Kessaci était un jeune absolument inconnu des services de police, de la justice. Il n'a jamais mis les pieds dans un commissariat, sinon qu'il souhaitait y rentrer, puisqu'il préparait le concours de gardien de la paix", souligne Nicolas Bessone, sur RTL.
Les faits se sont déroulés près d'une résidence tranquille où sa
famille avait déménagé pour échapper au narcotrafic qui gangrène
Frais-Vallon, le quartier de leur enfance. Mehdi "n'était vraiment pas impliqué dans quoi que ce
soit, c'était un jeune plein de vie, tellement gentil, serviable, un
cœur énorme. Une victime, et là on peut vraiment dire que c'est une
victime, peut-être liée au combat de sa famille", témoigne Sonia, une voisine.
"Son frère est très engagé dans la lutte contre le narcotrafic, pour déconstruire un certain nombre de stéréotypes et offrir une autre perspective aux jeunes de cité", rappelle le procureur, sachant qu'Amine Kessaci "fait l'objet d'une mesure de protection", comme l'a confirmé le ministère de l'Intérieur.
Si la piste d'un avertissement était confirmée, "on pourrait dire qu'on a un point de bascule", affirme avec prudence le procureur de Marseille. Jusqu'ici, on avait connu des assassinats de personnes ayant participé au trafic des assassinats de personnes ayant participé au trafic ou bien des victimes collatérales ayant été touchées par des balles perdues. Mais "si on a des victimes totalement étrangères au trafic", auxquelles on s'en prend car "simplement membre de la famille d'une personne", "ça serait particulièrement inquiétant", poursuit-il.
"Si l'hypothèse d'un assassinat d'avertissement, destiné à
décourager Amine de son engagement contre le narcotrafic qui gangrène
notre ville, était confirmée, nous serions devant un changement de
dimension absolument terrifiant, où l'on méprise la vie pour des
menaces, de l'argent ou du pouvoir", s'est pareillement inquiété le maire divers
gauche Benoît Payan dans un communiqué envoyé à l'AFP. "Nous devons considérer ce mal comme une pieuvre qu'il faut attaquer à
tous les niveaux: il faut des renforts policiers, des magistrats, des
enquêteurs", a-t-il ajouté.
Les faits interviennent dans le contexte de la parution du livre d'Amine Kessaci Marseille, essuie tes larmes - Vivre et mourir en terre de narcotrafic (éditions Le bruit du monde), une sorte de longue lettre adressée à son premier frère décédé, Brahim,
qui n'avait pas le même père que lui. Le procès de ses assassins présumés est attendu
en 2026.
Si les convictions d'Amine ont mené à la mort de Mehdi, "c'est gravissime", dénonce sur RTL Karima Méziène, avocate de familles de victimes de narchomicides auprès de RTL. "On
vient de franchir un cap. Ce n'est pas possible qu'un homme
politique puisse être attaqué dans sa chair, dans sa famille, être
meurtri pour le combat qu'il mène et pour les idées politiques qu'il
mène. C'est une atteinte à nos libertés individuelles et
une atteinte à l'état de droit", juge celle qui a elle-même perdu son frère dans un règlement de comptes.
"C'est le lâcher-prise de la République. Cela ne nous fera pas arrêter. Une fois que vous perdez quelqu'un de proche, vous avez quoi à perdre de plus ? Plus rien. Donc la seule chose qui vous reste, c'est le combat", rappelle une autre militante anonyme.
Malgré la menace, Amine Kessaci, qui avait créé l'association Conscience pour aider les familles de victimes de narchomicides, tentait de rester actif dans sa ville. Fin octobre il était sur le Vieux-Port pour une opération de tractage avec les écologistes.
Selon un décompte de l'AFP, 14 personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône.
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