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Assassinat du petit Mathias : une enquête hors norme pour un "crime odieux"

PODCAST - Le 7 mai 2006, le corps du petit Mathias Duchemin, 4 ans, est retrouvé nu dans le lit d'une rivière à Moulins-Engilbert dans la Nièvre. Rapidement le colonel de gendarmerie Jean-François Doublier se rend sur place pour résoudre ce qu'il qualifie de "crime odieux". Il témoigne dans "Les Voix du crime".

Les parents de Mathias tué et violé dans la nuit du 6 au 7 mai 2006, à Moulins-Engilbert (Nièvre) alors qu'il était âgé de 4 ans.
Crédit : JEFF PACHOUD / AFP
38. Mort du petit Mathias : une enquête exemplaire pour "un crime odieux"
00:29:19
Thomas Prouteau & Marie Zafimehy
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Lorsque le colonel Jean-François Doublier se rend à Moulins-Engilbert le 7 mai 2006, il sait qu'il est "face à un crime particulièrement odieux". Depuis la veille, tout le village est en alerte : le petit Mathias Duchemin, 4 ans, a disparu lors de la fête annuelle organisée par le maire de cette commune de la Nièvre. Son corps vient d'être retrouvé dans le lit du Guignon, le cours d'eau qui traverse le village.

"L'enfant est retrouvé complètement nu, il est à moitié enterré", se souvient le gendarme dans le podcast de RTL Les Voix du crime. "Et puis, malheureusement, les constatations du médecin légiste qui est très rapidement sur place et des techniciens en identification criminelle ne laissent aucun doute. Manifestement, c'est un crime odieux. L'enfant a été violé et est mort étouffé." Qui a pu s'en prendre à un enfant de la sorte ?

Le colonel Doublier mobilise plusieurs dizaines de gendarmes, avec une certitude : "c'est quelqu'un du village qui a commis ces atrocités." Il fallait connaître le lieu où a été retrouvé le corps de Mathias, une passerelle de fortune, difficile d'accès. D'autant plus, en pleine nuit. 

C'est quelqu'un du village qui a commis ces atrocités

Le colonel Doublier

Première étape : reconstituer le plan de la salle où s'est déroulée la soirée la veille. "Il faut que je sache qui était présent et où chaque convive était installé, explique le directeur d'enquête, mais il y a également un orchestre qui a pu faire des pauses au cours de la soirée. Puis, il y a du personnel de salle qui est venu faire du service et ça, ça fait un peu plus de 200 personnes."

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Un travail monumental associé à une autre tâche compliquée : celle de retrouver toutes les personnes condamnées pour des violences sexuelles et libérées au cours des deux mois précédents dans le département. "Et là, c'est assez effarant parce qu'on a 734 suspects", se souvient Jean-François Doublier. L'étau se resserre autour d'une quinzaine de profils... sans succès.

Parallèlement, les auditions des témoins se succèdent et une piste émerge : un homme au béret a été aperçu aux alentours de la fête vers 22h30, heure de la disparition du petit Mathias. Faute d'ADN exploitable, les enquêteurs creusent cette piste aidés par les témoignages d'un petit garçon et d'un groupe d'adolescents. Le nom de cette personne leur est inconnu, mais l'une d'entre eux sait où il habite. "Cette jeune femme nous emmène chez Christian Beaulieu", un habitant du village, affirme le colonel Doublier.

Christian Beaulieu ressort comme cet homme au béret qui traînait vers 22h30 aux alentours de la salle des fêtes

Le colonel Doublier

Christian Beaulieu, est à ce moment-là déjà dans le viseur des enquêteurs mais, bien qu'il ait été condamné dans les années 1980 pour des faits de violences sexuelles, il n'existe plus aucune trace officielle de ces méfaits. "Par les différentes lois d'amnistie, tout cela a été effacé de son casier judiciaire", explique le colonel Doublier. Par chance, une dame du village a gardé une coupure de presse faisant état de son interpellation pour des faits d'agression sexuelle. Après vérifications auprès des témoins, "Christian Beaulieu ressort comme cet homme au béret qui traînait vers 22h30 aux alentours de la salle des fêtes", raconte le colonel Doublier.

Christian Beaulieu, enfant de la DDASS lui-même victime de violences, est interpellé le vendredi, six jours après le crime. Là, il avoue à demi-mots. "Ce qu'il nous explique finalement, c'est qu'il n'est pas méchant, mais que de temps en temps, il y a quelque chose en lui qui 'lui fait péter les plombs'", raconte le colonel Doublier.

Ces aveux sont une "bonne" nouvelle qu'il faut annoncer aux parents de Mathias, qui sont alors aux obsèques du petit garçon. Le hasard fait que Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur de l'époque, se trouve sur place. Après un bref entretien avec le colonel Doublier, il manifeste sa "satisfaction", et se charge de l'annonce à Philippe et Bérangère Duchemin.

À aucun moment, il n'émet de regrets

Le colonel Doublier

L'affaire qui a agité la France au-delà des frontières de Moulins-Engilbert se conclut un an plus tard lorsque Christian Beaulieu est condamné à la prison à perpétuité pour le viol et l'assassinat de Mathias. Les experts sont unanimes : Christian Beaulieu est responsable de ses actes, c'est un individu pervers et dangereux. "À aucun moment, il n'émet de regrets", se souvient Jean-François Doublier. 

Le gendarme rapporte que Christian Beaulieu va même jusqu'à provoquer les parents de Mathias en pleine audience. "Quand je suis en train de témoigner l'affaire, il y a un mouvement d'humeur de Christian Beaulieu qui nous dit 'de toute façon les parents maintenant, ils sont tranquilles, ils s'en fichent. C'est moi qui suis emmerdé', se souvient Jean-François Doublier. C'est un moment terrible parce que dans ma vision périphérique, je vois Philippe Duchemin qui se cramponne là où il est assis et je me dis qu'il va enjamber et il va l'étrangler. C'est pas possible."

Aujourd'hui, Jean-François Doublier reste marqué par l'assassinat du petit Mathias. Son histoire se mêle aussi à celle des affaires criminelles : l'enquête qu'il a menée avec son équipe est enseignée en école de gendarmerie comme un "cas d'école" pour son envergure et la rapidité de sa résolution.

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>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.

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