Aix-Luynes : menaces, violences, surpopulation... Immersion dans l'une des plus grosses prisons de France

Quelques jours après des tirs de mortier et des tags DDPF pour défense des droits des prisonniers français, RTL a passé une demi-journée dans l'une des plus grosses prisons de France, la prison d'Aix-Luynes, souvent présentée comme la prison du narcotrafic. Là-bas, plusieurs agents ont été menacés directement. À l'intérieur, un surveillant accepte de raconter ce qui est arrivé à l'un de ses collègues.

"Il a été devancé devant chez lui, on lui a brûlé sa voiture aussi. Il a été suivi de la prison jusqu'à chez lui. Et pareil, ça a été filmé, on le voit en photo sur le parking du personnel. Sur la vidéo, on le voit filmer sa boîte aux lettres, avec le nom de sa femme et de ses enfants. Et après, le soir, on voit brûler sa voiture et en plus, sur leur téléphone, le marquer DDPF", énonce-t-il. 

Des agressions nouvelles qui se déroulent par-delà les murs de la prison. Rachel Collin, la directrice, tente de soutenir ces agents. "On leur demande en tout cas de ne pas aller vers de la peur, mais d'être dans de la vigilance, de pouvoir nous remonter de l'information". Tous les membres du personnel menacés sont encouragés à porter plainte.

Des violences entre détenus

Des violences contre le personnel pénitentiaire, mais également contre les détenus. Fin février. Mehdi, 19 ans, est battu si violemment par trois autres détenus qu'il en mourra à l'hôpital deux jours plus tard. Cet après-midi-là, quatre des cinq caméras de la cour de promenade sont cassées. Mehdi est un jeune tueur à gage enrôlé sur les réseaux sociaux. Sa mort est un règlement de compte. 

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Une enquête de l'inspection générale de la justice débute ce lundi 12 mai, selon nos informations. C'est la deuxième en deux ans dans cette même prison. Une fréquence extrêmement rare, explique Amandine Cordier, représentante du syndicat UFAP.

"On nous incarcère énormément de narco-banditisme, des personnes de plus en plus dangereuses et des personnes qui sont aussi des têtes de réseau, sans qu'on ait les moyens humains et financiers pour les prendre en charge, donc forcément cela crée des homicides. On a un établissement, des gens dangereux, une gestion particulière, mais pas les moyens pour le faire", explique-t-elle. 

Ici à Aix, 2108 détenus se serrent dans seulement 1417 places. Beaucoup trop de détenus et pas assez de surveillants. Aujourd'hui, 60 postes sont vacants et l'administration peine à recruter. Ici, la crise est un état permanent.

Quelles sont les solutions ?

Pour améliorer la situation, il faut empêcher les gros trafiquants de pouvoir commanditer depuis leurs cellules des actions violentes. Un membre de la direction qui souhaite rester anonyme évoque les brouilleurs installés dans le quartier d'isolement dont 11 cellules sur les 19 sont occupées par des narcotrafiquants à haut niveau de dangerosité. 

"On a une vigilance pour limiter tout ce qui est notamment communication irrégulière avec l'extérieur et de renforcer le contrôle de l'administration sur ce que peuvent faire ou ce que peuvent dire les personnes détenues", explique-t-il. 
 
Le sénateur Guy Benarroche, membre de la commission à l'origine de la loi narcotrafic, est honnête, la loi propose des solutions, mais pas de moyens. "On a des solutions pour lutter contre la corruption comme contre la menace qui touche les policiers, les douaniers, les gendarmes et le personnel pénitentiaire. Pour l'instant le personnel en plus et les moyens financiers dans la loi, ils n'y sont pas. Ils en ont besoin, ils nous l'ont bien dit", lance-t-il. 

Cela soulagera peut-être un peu les surveillants d'Aix-Luynes. Deux prisons ultra-sécurisées doivent être mises en place cette année à Vendin-le-Vieille et Condé-sur-Sarthe pour héberger les plus gros profils. Plusieurs narcotrafiquants d'Aix doivent y être transférés.