Pour les femmes qui pratiquent la course à pied, chaque sortie est un défi pour leur sécurité. Selon une étude de l’Union Sport et Cycle, 56% des joggeuses se sont déjà retrouvées dans une situation compliquée. Cela va du regard insistant à la remarque sexiste et cela peut aller jusqu'aux menaces ou pire encore jusqu'aux agressions. Éléonore, trentenaire, court régulièrement au bois de Boulogne, à la pause déjeuner, dans l'immense forêt de l'ouest parisien. Il y a deux ans, elle s'est retrouvée face à un exhibitionniste.
"À un moment, je suis dans un chemin qui était un peu plus étroit et moins fréquenté. Je vois un homme au loin, près d'un arbre. C'est en m'approchant que je vois qu'il était en train de se masturber tout en me fixant. Ça m'a fait peur et j'ai juste accéléré en étant hyper choquée", raconte-t-elle.
"Deux ans après, je n'emprunte plus que des grandes voies passantes où il y a des voitures à côté. Mais je ne vais plus du tout m'aventurer dans les petits chemins qui font pourtant le plaisir de la course, c'est-à-dire un peu se perdre dans les bois. J'évite systématiquement parce que je n'ai pas envie que ça se reproduise", poursuit-elle.
Il y a une dizaine d'années, Kalinka a été agressée dans la rue à côté de chez elle en Seine-Saint-Denis. Cette commerciale a aussi subi du harcèlement, des insultes sexistes lors de ses sessions de running. Depuis, elle ne court plus seule et a décidé de se procurer des armes.
"Dans mon sac personnel, je suis toujours équipée d'une arme, que ce soit un pistolet à poivre ou un Taser. J'envoie toujours ma géolocalisation à mon conjoint qui peut savoir où je suis", explique-t-elle.
Selon Jean-Luc Ployer, expert psychologue qui accompagne des hommes condamnés pour avoir agressé des joggeuses, "ce qui les excite fortement, c'est de partir à la chasse et poursuivre la proie".
"Quand une femme fait du jogging, elle est en mouvement, ça excite énormément les auteurs potentiels de ce type de harcèlement. Ils sont pratiquement tous dans une problématique de voyeurisme, ils regardent en quelque sorte. Après, il y a une nécessité pour eux d'être tout-puissant, l'autre n'étant qu'un objet", révèle cet expert psychologue.
L'expert décrit des profils similaires, des hommes bien intégrés dans la société, mariés, pères de famille, présidents d'associations ou salariés sans passé judiciaire.
Face à ces agressions, certaines associations se mobilisent, comme à Drancy, en Seine-Saint-Denis. Ce soir-là, une trentaine de personnes, hommes et femmes, s'échauffent en cercle sur une place du centre-ville. Tous et toutes sont vêtus d'un t-shirt violet aux couleurs de Sine Qua Non. Cette association féministe propose partout en France des sessions de course en groupe.
"L'association vise surtout à promouvoir le sport féminin dans l'espace public, dans la tenue que la femme a souhaité porter, à l'heure où elle a souhaité sortir. On fait des stops, on fait une pause renfo à un moment donné dans la ville. Généralement, je choisis des lieux où on n'aurait pas forcément osé s'arrêter toute seule, en tant que femme. On traverse parfois des cités, pas forcément les plus accueillantes. Ça apporte de la confiance de pouvoir aller où l'on veut, on se sent en sécurité", indique Karine qui dirige la séance.
À Drancy, la mairie travaille avec des sociologues et des associations pour tenter d'effacer les inégalités et d'améliorer la sécurité dans l'espace public en repérant notamment les zones trop peu éclairées.
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