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Des policiers près du Canal du Midi (illustration)
Crédit : PAUL PLANTIN / AFP
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Au printemps 2016, la brigade criminelle de Toulouse a été confrontée à une scène d’horreur : des morceaux de corps humain repêchés un à un dans le canal du Midi.
Grâce à l’ADN et à une déclaration de disparition, les enquêteurs identifient rapidement la victime : Maryline Planche, 52 ans, employée d’une association d’aide à l’emploi pour personnes handicapées. Une femme sans histoire, célibataire, gravement déficiente visuelle et en arrêt maladie suite à une opération. Ses proches décrivent une personne gentille, ponctuelle et discrète.
En parallèle, un détail trouble les enquêteurs. Depuis le 15 mai, Maryline envoyait à sa famille des SMS inhabituels, bourrés de fautes d’orthographe, dans lesquels elle appelait sa mère par son prénom, ce qui lui était inhabituel.
L’enquête s’oriente alors vers son entourage professionnel. Maryline était en conflit avec une collègue, Sophie Masala, récemment embauchée, mariée et mère de deux enfants. Plusieurs collègues rapportent une tension entre les deux femmes. Maryline avait même confié craindre Sophie.
Le passé de Masala : en 2011, elle avait été condamnée pour vol et faux documents à la faculté de Montpellier. Une personnalité instable, menteuse chronique, aux relations conflictuelles.
Le 26 mai, Sophie Masala est arrêtée à sa descente d’avion à l’aéroport de Montpellier. Dans son sac : la carte bancaire de Maryline Planche et son code écrit sur un papier. En garde à vue, elle se montre étonnamment calme. D’abord, elle parle d’un accident. Puis, peu à peu, elle craque.
Sophie Masala avoue : le 12 mai, elle s’est rendue chez Maryline pour s’expliquer. Selon Sophie, une dispute a éclaté. Elle a saisi une bouteille de vin et l’a frappée au crâne. Quand elle est revenue quelques jours plus tard, Maryline était morte. Elle décide alors de maquiller la scène en suicide, tailladant les poignets du cadavre.
"Sophie Masala ne la supporte pas parce qu'elle voit finalement en Maryline celle qu'elle n'est pas. Sophie Masala, c'est quelqu'un qui n'a jamais sans doute réussi à surmonter ses difficultés, à être appréciée et à être estimée. Je pense qu'elle entre dans une colère qui est sans doute contre elle-même", se souvient David Sénat, avocat général au procès de Sophie Masala, au micro de RTL.
Mais rapidement, elle change de stratégie. Elle achète une scie, de la Javel, un couteau en céramique, et entreprend de découper le corps. Elle met plusieurs heures à séparer les membres, puis les disperse dans le canal.
"La manière dont on fait disparaître le corps ne signe pas nécessairement une personnalité. En réalité, c'est une vision très pragmatique, mais dont il faut tenir compte. Elle est incapable physiquement de déplacer ce corps. Et finalement, la seule solution qui lui semble, qui lui apparaît, c'est nécessairement la dislocation parce que ce corps, elle ne pourra pas le sortir parce qu'il est deux fois plus lourd qu'elle-même", explique Maître Pierre Dunac, avocat de Sophie Masala, au micro de L'Heure du crime sur RTL.
La tête, elle l’enterre dans un jardinet sur le balcon de son studio, à l’aide d’une cuillère. Pourquoi ? " Elle a conservé la tête de la victime : "C'est la partie que je pouvais transporter le plus facilement. C'était son âme. Il fallait que Maryline soit à côté de moi", dira-t-elle plus tard aux juges.
Le 21 octobre 2019, Sophie Masala comparaît devant la cour d’assises de la Haute-Garonne. Les experts psychiatres dressent le portrait d’une personnalité borderline, rongée par la jalousie et les frustrations. Une femme aux multiples visages, menteuse invétérée et instable émotionnellement. Le procureur, David Sénat, parle d’une "meurtrière froide, qui a voulu faire disparaître sa rivale comme si elle n’avait jamais existé".
Face à la cour, Sophie Masala reconnaît tout : la haine grandissante, le coup porté, le dépeçage, la mise en scène du suicide. Elle exprime des regrets, mais tente aussi de se dédouaner, affirmant à plusieurs reprises : "C’est pas moi, ce sont mes mains."
Le 25 octobre 2019, après trois heures de délibération, le verdict tombe : 27 ans de réclusion criminelle. La cour retient la particulière vulnérabilité de la victime, mais écarte la perpétuité. Sophie Masala sourit à ses enfants une dernière fois avant d’être emmenée.
- David Sénat, avocat général au procès de Sophie Masala et auteur de Avocat général – porter l’accusation, publié aux éditions Mareuil.
- Me Pierre Dunac, avocat au barreau de Toulouse et avocat de Sophie Masala.
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