Affaire Sarah Oberson : 40 ans après sa disparition, reste-t-il des pistes à explorer ?

Il y a presque 40 ans, samedi 28 septembre 1985, Sarah, cinq ans, s'évapore du village de Saxon, une bourgade agricole du Valais posée sur les bords du Rhône. Ses parents, Claude et Dominique Oberson, retrouvent son vélo rouge et blanc, en parfait état, à 50 mètres de la maison familiale. La police cantonale est prévenue et les premières recherches, auxquelles participent la famille, des habitants et des gendarmes, se déroulent dans la soirée et la nuit. Sans résultat.

Vendredi 4 octobre 1985, après six jours de recherches et d'attente, les parents de Sarah Oberson lancent un appel aux ravisseurs, à la télévision et dans les journaux. "Que tous ceux qui auraient des renseignements nous les fournissent, aidez-nous !", demande le père. La mère ajoute : "Il faut me redonner Sarah au plus vite et en bonne santé. Je suis disposée à tout pardonner, mais s'il vous plait, rendez-moi mon enfant". L'appel reste sans écho.

Le visage de la petite fille est placardée partout. Selon certains témoignages, elle aurait été vue dans la région lyonnaise, en Alsace et jusqu'à Vienne, en Autriche, où un couple roulant dans une Mercedes blanche, aurait été aperçu en compagnie d’une petite fille ressemblant à s'y méprendre à Sarah. 

Vendredi 28 février 1986, le journal Le Matin publie le troublant témoignage d'Anneliese T., une Suissesse monitrice de natation. Elle raconte avoir reconnu, à Innsbruck, Sarah Oberson. "La petite fille était en compagnie d'un couple, raconte-t-elle. La première fois, elle somnolait sur un banc. La deuxième fois, elle avait du mal à avaler ses spaghettis et s'endormait". Des propos que confirme la fille d'Anneliese, âgée de seize ans. Toutes deux pensent que l'enfant était droguée. Les enquêteurs remontent alors jusqu'à un couple de touristes allemands qui habite Francfort. Finalement, il ne serait pas celui aperçu avec une petite fille à la pizzéria.

Un homme aperçu avec Sarah

Mercredi 30 août 1989, le dénommé Werner Ferrari, un Suisse de 46 ans, est interpellé par la police. Ce pédophile, déjà condamné par le passé pour le viol et le meurtre d'un petit garçon, avait été condamné à douze ans de prison. L'homme reconnaît avoir tué plusieurs enfants et apparait clairement comme un détraqué, violeur et tueur en série. L'individu sillonne la Suisse, le plus souvent le samedi. Un an et demi après l'arrestation, un enquêteur confie au journal Le Nouvelliste : "Aucun indice nous permet d'affirmer que Werner Ferrrai a tué Sarah. Mais rien nous prouve qu'il ne l'a pas tuée. Nous ne pouvons avancer aucune thèse avec certitude".

Mardi 9 juillet 1991, les polices cantonales du Valais, Neufchâtel, St-Gall et Thurgovie publie les photos vieillies de quatre enfants disparus dont celle de la petite Sarah Oberson. Elle apparait donc sous les traits d'une enfant de onze-douze ans, telle qu'elle pourrait être si elle était toujours en vie. Une hypothèse qui n'a jamais été abandonnée par les parents, Claude et Dominique Oberson.

Lundi 22 novembre 1993, le journal La Suisse publie les déclarations de René Moret, commissaire fraichement retraité, ancien chef de la brigade criminelle de Genève. Il affirme que "le travail n'a pas été fait jusqu'au bout". Selon l'ex-policier, juste avant la disparition, un jeune homme a vu un individu qui discutait avec la fillette sous le préau de l'école. "Le témoin ne connaissait pas Sarah, affirme le commissaire Moret. En revanche, il est certain de l'identité de l'individu qui parlait avec la fillette. Or il n'y a jamais eu de confrontation entre ces deux hommes". 

Aujourd'hui, le dossier Sarah Oberson reste ouvert. "Tant que la sœur de Sarah est en vie, tant que sa maman est en vie, l'enquête et les recherches se poursuivent", indique Marcel Gay. "Ça bouge parce que la fondation Oberson s'agite, mais il n'y a pas une unité dédiée, ni un fonctionnaire de police qui passe sont temps sur le cas Oberson. En France, je pense que ce serait le cas", explique Richard Werly, journaliste correspondant France/Europe pour le média Suisse Blick. Depuis fin 2018, seize pistes ont été examinées, des fouilles ont été conduites et des comparaisons ADN effectuées. Sans succès.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Richard Werly, journaliste correspondant France/Europe pour le média Suisse Blick.
- Marcel Gay, rédacteur en chef du bimensuel La Gazette de Martigny (journal local Suisse).

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