Affaire Drouvin-Kubala : plus de 20 ans après le double meurtre de ces octogénaires, où en est l'enquête ?

Lundi 9 août 2004, Chantal, la femme de ménage de Robert Drouvin et Marianne Kubala, s'étonne de trouver le portail clos à l'entrée de leur propriété, située près du village de Vernou-sur-Brenne, à quinze kilomètres de Tours. Intriguée, elle retourne chercher un double des clés et revient avec son mari. Dans le jardin, ils repèrent une bâche recouvrant une forme et alertent aussitôt les gendarmes de Vouvray. Ces derniers découvrent alors le corps de Robert Drouvin, 84 ans, en chaussettes, chemise beige, pantalon bleu, et Marianne Kubala, 85 ans.

"Elle a la culotte baissée. La procédure va établir qu'il y a eu des attouchements sexuels, sinon un viol, et peut-être même des agressions sexuelles post-mortem", indique Me Xavier Brunet, avocat de la famille Kubala. 

Le crime s'est produit vers 8h00 alors que le couple prenait son petit-déjeuner. Lui a reçu un coup derrière la tête, peut-être avec un marteau. Elle semble avoir trébuché sur un parpaing en prenant la fuite. Pour l'heure, les gendarmes excluent la piste d'un rôdeur-cambrioleur : rien n'a été touché dans la maison. Sur la scène de crime, quelques traces de pas et un ADN masculin partiel sont détectés.

L'enquête de personnalité des victimes intéresse beaucoup les gendarmes de la brigade de recherches d'Amboise. Le propriétaire surveillait sans cesse son domaine et se méfiait de toute intrusion. "Je trouvais mon père très soucieux. Il craignait quelque chose", témoigne le fils de la victime, Hubert Drouvin. Robert avait plusieurs fusils à portée de main, le numéro de la gendarmerie était affiché dans sa chambre, il semblait être aux aguets.

Un homme au comportement troublant

Après un an d'enquête, les gendarmes de Vouvray sont approchés par une voyante de Tours. Elle sait peut-être des choses sur le double meurtre du Bois-du-Pavillon. Elle raconte qu'un homme à qui elle tire les cartes, un certain Guy M., évoque fréquemment l’affaire. Il a même parlé de la position dans laquelle les victimes ont été retrouvées, information qui à ce moment-là n’a jamais fuité. Guy M. est un ancien entrepreneur, mais aussi un inventeur comme l'était Robert Drouvin. 

"L'idée, c'est qu'il y aurait eu un conflit d'invention entre Robert Drouvin et cet homme. Il avait soi-disant des informations un peu troublantes sur la scène de crime. Il y a donc eu confrontation et finalement, il n'y avait pas matière à poursuivre cet homme", rapporte Caroline Devos, journaliste à La Nouvelle République. Au fil des années, Guy M. va pourtant continuer à fournir aux gendarmes des fiches avec des éléments très précis sur le double crime, "pour les aider", dit-il. 

En 2023, le pôle judiciaire des cold cases s'empare de l’affaire Robert Drouvin-Marianne Kubala et relance l'exploitation des ADN de la scène de crime. Un cheveu avait été découvert dans la culotte de la défunte. Guy M., qui fut un temps suspect dans l’affaire du Bois-du-Pavillon, est décédé le 28 février 2024 dans un Ehpad, près de Tours. Un appel à témoins a été lancé, fin 2024, par la gendarmerie. 

"C'est un mystère complet cette histoire. On ne sait pas du tout quelles étaient les motivations de l'agresseur. Il y a eu beaucoup d'hypothèses à partir de leur passé, de leurs relations avec différentes personnes, explique Caroline Devos. Mais à chaque fois, on revient à la case départ et on n'arrive pas à trouver une explication plausible tout ça."

Les invités de "L'Heure du crime"

- Me Xavier Brunet, avocat de la famille Kubala. 
- Caroline Devos, journaliste à La Nouvelle République.

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