Affaire Rémy Roy : ces zones d'ombre qui persistent autour du "tueur au Minitel rose"

Face aux experts-psy qui l'examinent, Rémy Roy est bavard. Celui qui a été surnommé "le tueur au Minitel rose", parvient à poser des mots sur ce qui l'a poussé à frapper à mort trois hommes homosexuels en 1991, et à en blesser grièvement un quatrième dans le Val-de-Marne.

"Il se vit comme passif et victime des avances de ses hommes, c'est ça qui déclenchera sa fureur", explique Caroline Legendre dans Les Voix du crime. À l'époque, cette psychologue était experte auprès des tribunaux et c'est elle qui fut chargée d'examiner Rémy Roy à la demande du juge d'instruction en 1993 et 1994. 

Rémy Roy lui confie avoir été victimes de violences sexuelles. Selon elle, il est possible qu'il ait pu vivre une "répétition du traumatisme initial sur un mode actif" : "c'est-à-dire que d'une position passive, on passe à une position active, et le but inconscient de ce processus, c'est de maîtriser le traumatisme", explique-t-elle. Pourtant, cela n'explique pas certains points de cette affaire.

Lui-même reconnaît avoir fait une démarche active vers eux, avoir provoqué la rencontre

Caroline Legendre

Car c'est bien Rémy Roy qui est à l'origine des rencontres avec ces hommes gays qu'il contactait via la messagerie rose du Minitel. De même, chaque victime est retrouvée affublée d'accessoires laissant deviner des pratiques sexuelles sadomasochistes. Bruno, celui qui a survécu, raconte que c'est Rémy Roy lui-même qui en est l'instigateur. 

"D'ailleurs lui-même reconnaît avoir fait une démarche active vers eux, avoir provoqué la rencontre. Il pourra le reconnaître notamment lors du deuxième entretien. Et il pourra lui-même formuler l'hypothèse que, peut-être, il s'agissait de retrouver un élément masculin, voire paternel, protecteur", relate Caroline Legendre. "Et d'ailleurs, ça reste un des points, effectivement, qui resteront en suspens pour lui et qu'il essaiera de travailler dans la thérapie, c'est effectivement pourquoi il les a contactés et pourquoi il s'est mis 'dans ses griffes', pour reprendre ses propos."

Au moment des faits, Rémy Roy explique être en profonde dépression. "Alors, ce qu'il donne comme explication, c'est que (...) les contacts par Minitel représentaient une espèce d'issue salvatrice et lui permettaient de prendre de la distance par rapport à la période qu'il nous a décrite comme étant très noire." En 1996, Caroline Legendre fait part de ses conclusions devant la cour d'assises de Créteil. Rémy Roy est finalement condamné à la prison en perpétuité avec 18 ans de sûreté. 

>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.

Deux fois par mois, l'une de ces Voix du crime nous raconte son point de vue sur une affaire criminelle. Un podcast RTL.