Affaire Philippe Le Friant : qui est ce juge, radié pour avoir hébergé une prostituée ?

PODCAST - Dans les années 80, un juge du tribunal de police de Lyon est radié de la magistrature pour avoir sauvé la vie d'une prostituée.

Le jeune garçon a été placé sous mesure judiciaire éducative provisoire.

Crédit : JEFF PACHOUD / AFP

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Dans les années 80, un fait divers agite le monde judiciaire. Philippe Le Friant, juge au tribunal de police de Lyon - nommé en 1981 pour s’occuper des problèmes de prostitution - est radié de la magistrature. Le motif ? Avoir hébergé quelques nuits Marie Arbant, une prostituée d'à peine 30 ans. À l'époque, cette décision ne passe pas inaperçue. Pendant des années, les journaux s'emparent de cette histoire, qui a profondément marqué Georges Fenech, juge d'instruction au moment de cette affaire.

Dans L'Heure du Crime, ce dernier revient notamment sur la personnalité et sur l'engagement du juge Le Friant. "C'est un homme qui, parallèlement à sa fonction, menait un combat tout à fait estimable auprès d'association comme le Nid, dont le but était d'aider les prostituées à sortir de la prostitution."

Tout commence en 1988, lorsque Marie Arbant téléphone au juge. Au bout du fil, la prostituée, vendue par son mari à un proxénète pour couvrir ses dettes, lui confie être en danger de mort. Devant la menace, le juge Le Friant l'accueille chez lui, plusieurs semaines à Lyon. Le magistrat prévient alors son administration.

À écouter

Le juge et la prostituée

00:39:23

"Il ne faut pas oublier que Philippe Le Friant, avant d'être magistrat, a été éducateur. Donc, il avait cette fibre sociale, proche du terrain, proche des gens", poursuit Georges Fenech.

Devant les faits, le juge Le Friant est radié, au grand dam de Marie Arbant, qui, au fil des années, est devenue sa compagne. "Ce qui lui a été reproché, c'est de sortir un peu de son rôle, de son tribunal, et d'aller au-delà de sa mission qui est de rendre la justice", explique Georges Fenech.

Une décision qui plonge Marie Arbant dans l'indignation. Si elle est toujours en vie, c'est grâce à Philippe Le Friant, clame-t-elle. L'ancienne prostituée enchaîne alors les grèves de la faim, les apparitions médiatiques et les menaces au suicide. Un combat acharné pour la réhabilitation de Philippe Le Friant, qu'elle obtient sept ans plus tard. Si le couple refait sa vie, Marie Arbant met fin à ses jours dans son appartement de Saint-Etienne en mars 1999, ne laissant derrière elle aucune explication à son geste.

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