Affaire Paul Touvier : qui était cet ancien chef de milice, condamné pour crimes contre l'humanité ?

Il y a 80 ans, en pleine France occupée, la milice lyonnaise procédait à l'arrestation de sept juifs. À la tête cette organisation se trouve Paul Touvier, un antisémite et collaborationniste du régime de Vichy.
Ce jour-là, le 29 juin 1944, la milice conduit les sept prisonniers au cimetière de Rillieux, une commune de l'Ain. Contre un mur, ils sont alignés. Puis exécutés. 

Lorsque Lyon est libéré, Paul Touvier, fuit la ville et se cache, pendant des dizaines d'années. Si le milicien, spécialiste de la cavale, a pu si longtemps se faufiler entre les mailles du filet, c'est qu'il peut compter sur un réseau tout aussi insoupçonnable que puissant, celui de confréries religieuses intégristes.

Paul Touvier, condamné par deux fois à la peine de mort par contumace, a 74 ans lorsqu'il est arrêté au prieuré de Saint-François dans le vieux Nice, au terme d'une longue enquête. Dans L'Heure du Crime, le lieutenant colonel Jean-Louis Recordon, à l'époque chef de la section de recherches de Paris, est revenu sur les difficultés de cette intervention. 

Il y a une chose qui m'intrigue c'est que je trouve des ecclésiastiques à tous les niveaux et ça commence dans la famille Touvier.

Jean-Louis Recordon

"Nous sommes en 1989, il n'y a pas de téléphones portables. On n'avait pas de moyens électroniques, donc tout reposait sur des vérifications de terrain, sur des recherches de témoins, de gens qui pouvaient parler", indique-t-il. 

Lors de son procès en 1994, Paul Touvier tente de minimiser son rôle dans les crimes qui lui sont reprochés. "Rien ne l'obligeait à aller chercher ces sept juifs, les faire coller au mur et les faire fusiller. S'il l'a fait, c'est qu'il en avait envie et il y a peut-être pris du plaisir", estime Dominique Rizet, journaliste police-justice.

Cette défense ne convainc pas la justice, qui le condamne à la perpétuité pour complicité de crimes contre l'humanité, le 20 avril 1994. Quelques années plus tard, le 17 juillet 1996, Paul Touvier décède d'un cancer de la prostate à la prison de Fresnes, malgré ses deux recours en grâce médicale auprès du Président.