Affaire Jean Aprin : un meurtre sous emprise

C'est une mort au milieu des vignes qui a tout d'une tragédie grecque. Une mère soupçonnée d'avoir manipulé son fils adolescent pour qu'il tue son propre père. Une longue emprise psychologique à l'abri des regards, derrière les murs d'un vieux domaine viticole du Haut-Var.

Avant d'arriver à cette conclusion, les enquêteurs se sont posés beaucoup de questions sur le décès silencieux de Jean Aprin, retrouvé terrassé par une crise cardiaque à la toute fin de l'année 2012. "Concernant l'examen du corps, il n'y a rien qui puisse laisser paraître une mort non-accidentelle", indique le capitaine Julien Navarro, enquêteur lors de l'affaire Jean Aprin et invité de L'Heure du crime. 

Il va falloir du temps pour remonter le fil d'une histoire familiale faite de secrets, de mensonges, de haine et de café empoisonné jusqu'à ce qu'on découvre que le jeune fils aurait été le bras armé de sa mère. 

Elle lui fait entendre qu'ils seraient beaucoup plus heureux sans lui et que s'il l'aidait à le tuer, il ne tuerait même pas son père mais le bourreau de sa mère.

Romane Mélis, journaliste et réalisatrice

Les enquêteurs doutent d’une mort naturelle. Trois semaines après le décès de Jean Aprin, leurs doutes vont se révéler exacts puisque le fils Benoît leur raconte avoir participé à l'assassinat de son père en suivant les instructions de sa mère. Il dit avoir été pris dans son étau. 

"Il raconte que sa mère se plaignait que son père n'était pas sympa avec lui, qu'elle râlait constamment après lui. En même temps, il dit aux enquêteurs qu'il n'a jamais vu son père lever la main sur sa mère. (...) Elle lui fait entendre qu'ils seraient beaucoup plus heureux sans lui et que s'il l'aidait à le tuer, il ne tuerait même pas son père mais le bourreau de sa mère", détaille Romane Mélis, journaliste et invitée de L'Heure du crime. 

Benoît assure que ce n'est pas la première fois que sa mère essayait de tuer son mari. Elle n'aurait cessé de le persuader d'assassiner cet homme qu'elle détestait et qui faisait selon elle du mal à la famille. Nadine Aprin décrit son mari comme un homme violent et alcoolique qui lui menait la vie dure. 

Face aux enquêteurs, Nadine Aprin affirme que le projet criminel a germé dans la seule tête de son fils. Elle nie avoir manipulé ou influencé Benoît, elle a simplement voulu l'aider. "De l'extérieur tout laisse à penser qu'elle l'a manipulé puisque rien n'a jamais prouvé que Jean Aprin était un mari violent. Tous les éléments vont plutôt dans l'autre sens. Par contre beaucoup d'éléments en sa défaveur ont été découverts. Donc on est dans une manipulation totale de l'adolescent et c'est facile pour une maman de manipuler son petit garçon", affirme Romane Mélis, journaliste. 

Jusqu'au procès, Nadine Aprin reste toujours sur la même position puis elle se mure dans le silence. Elle est condamnée à vingt-cinq ans de prison. Son fils écope de cinq ans dont quatre avec sursis, il ressort libre du tribunal. Nadine Aprin n'est jamais revenue sur ses affirmations. "Si le but est d'épargner son fils, l'objectif est atteint", justifie Me Éric Scalabrin, avocat de Nadine Aprin et invité de L'Heure du crime.

Les invités de l'émission

- Capitaine Julien Navarro, enquêteur sur l'affaire Jean Aprin.  
- Me Éric Scalabrin, avocat au barreau de Nice et avocat de Nadine Aprin. 
- Romane Mélis, journaliste et réalisatrice. Elle a réalisé l'épisode "Meurtre dans les vignes" pour l'émission L'enquête de ma vie qui revient sur cette enquête. 

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