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La cour d'assises du Vaucluse à Avignon
Crédit : Angeline Desdevises / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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Mercredi 31 août 2019, un jeune homme et une jeune femme se présentent successivement au commissariat d'Avignon. Ils viennent signaler la disparition de l'une de leurs meilleures amies, Eléa Goarnigou, 24 ans, serveuse dans un restaurant de la ville. Les deux témoins racontent une même histoire. Depuis environ un mois, ils n'ont plus aucune nouvelle de leur copine. Elle n'est pas chez elle. Ses voisins affirment qu'ils ne l'ont pas vue depuis un bon bout de temps.
Quinze jours après le signalement de la disparition, un appel à témoins est publié dans les journaux. La police judiciaire d'Avignon reprend l'affaire, vite intriguée par certains témoignages. Une ex-voisine d'Eléa raconte qu'au mois de juin la jeune femme s'est installée avec un homme, le dénommé Jérémy Richaud. Elle l'a vue la dernière fois le 27 juillet. Eléa lui a confié ce jour-là que c'était déjà fini avec Jérémy. Eléa n'allait pas bien. Elle pensait être droguée. On lui avait volé son téléphone.
Les policiers se renseignent sur ce Jérémy Richaud, 33 ans. Sur les réseaux sociaux, il se présente comme "commercial" mais il est en fait sans emploi. "C'est un garçon un peu marginal ayant connu une enfance particulièrement chaotique. C’est un garçon qui a des addictions. Il est polytoxicomane", explique Me Mikael d'Alimonte, son avocat, dans L'Heure du Crime, sur RTL.
Vendredi 13 septembre 2019, la mère de Jérémy Richaud prévient les enquêteurs qu’elle a reçu un coup de fil de son fils. Il lui a dit qu'il faisait les vendanges et vivait dans une caravane. À propos d’Eléa Goarnigou, il a expliqué qu'elle était partie faire le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Elle lui a dit qu'elle était enceinte. Ils doivent se revoir le 10 octobre pour faire le point. Les policiers retrouvent la trace de Jérémy Richaud dans un camping de Buis-les-Baronnies, dans la Drôme. La gérante dit qu'il a séjourné ici du 6 au 11 août.
Le téléphone de Richaud borne à Avignon. Il est interpellé alors qu'il s'apprêtait à reprendre la route avec un camping-car volé. Dans le véhicule, le Bluestar détecte du sang sur une housse de couette, une housse de matelas, un coussin, un tapis. Un couteau réagit aussi au Bluestar. En garde à vue, Richaud répète qu'il n'a plus de nouvelles d’Eléa depuis le séjour au camping. Il dément avoir fait du mal à la jeune femme. Pour le reste, il ne se souvient pas de grand-chose.
Mardi 7 janvier 2020, les policiers se rendent sur l'île boisée de la Barthelasse, au cœur d’Avignon. Ils ont appris que Jérémy loue là-bas un lopin de terre. À l'entrée du terrain, on remarque tout de suite, gravée dans l'écorce d'un arbre, cette phrase : "Respire et bois de l'eau". Accompagnée de la date du 30 juillet. Une bosse est visible au milieu du terrain. On fouille. Des os et un cordage apparaissent. Puis un corps nu en position de fœtus dans une tombe de 80 sur 60 centimètres. Il s'agit bien d'Eléa. Elle a reçu un coup de couteau dans le thorax.
Lundi 20 janvier 2020, Jérémy Richaud est devant le juge d'instruction Olivier Mathé au tribunal d'Avignon. Il explique que le jour fatal, Eléa Goarnigou aurait consommé, de son propre chef, une infusion de graines de datura. Elle serait morte de cette manière. Les toxicologues démentent une mort par overdose de datura, même si quelques traces ont été retrouvées dans le corps. "Dans le cadre de la soumission chimique, on a régulièrement des cas de personnes qui utilisent la plante pour endormir les victimes, les voler ou les violer", précise Yvan Gaillard, expert en toxicologie médico-légale.
Jeudi 9 décembre 2021, Jérémy Richaud, se présente devant la cour d’assises du Vaucluse, à Avignon. Lors du procès, Me Lionel Fouquet, partie civile, implore les jurés de ne pas oublier Eléa. "Elle n'avait plus de parents, plus de famille. Du coup, elle a été invisible dans ce dossier. Alors s’il vous plaît ne la faites pas disparaitre", demande-t-il. "Son avocat a su lui faire hommage et accréditer cette théorie du féminicide en expliquant pourquoi Jérémy Richaud a enterré le corps. Pour la garder près de lui. Il n'avait pas supporté la rupture", rappelle Yannick Philipponnat, journaliste à Midi Libre.
Jérémy Richaud est condamné à 30 ans de prison, une période de sûreté fixée aux deux tiers. Seul témoin direct de la mort d'Eléa Goarnigou, il a gardé pour lui le scénario exact du crime. Déjà condamné par le passé pour viol. Imprévisible, éruptif et dominateur, a-t-il drogué sa compagne avant de la poignarder ? C'est ce qu'ont toujours pensé plusieurs enquêteurs et experts.
- Me Mikael d'Alimonte, avocat au barreau de Montpellier.
Avocat de Jérémy Richaud.
- Dr Yvan Gaillard, docteur en pharmacie et expert en toxicologie médico-légale ayant expertisé Eléa Goarnigou dans ce dossier.
- Yannick Philipponnat, journaliste à Midi Libre.
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