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Albert Millet entouré de policiers lors de son arrestation le 13 juin 1979
Crédit : GERARD FOUET / AFP
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Dimanche 28 mars 1954 dans la soirée, une adolescente et sa tante se présentent à la gendarmerie de Hyères, dans le Var. Paulette Dogliotti, tout juste 16 ans, explique qu'un homme vient de lui tirer dessus. Elle sortait les poubelles quand il a surgi de la pénombre. Il avait un pistolet. Il a fait feu. Par miracle, le couvercle de la poubelle a servi de bouclier. La balle a ricoché sur le métal.
Paulette Dogliotti et sa tante Elisa Maggiorana, connaissent très bien le tireur. C’est un type du coin, Albert Millet, 25 ans. Depuis quelques mois, il tourne autour de l’adolescente. Il y a quelques jours, la tante l'a croisé à une terrasse de café. Elle lui a mis une forte gifle devant tout le monde. Millet a proféré des menaces. "Pour lui, la gifle devant en public, c’est l'humiliation suprême", indique Peggy Poletto, journaliste à Nice-Matin, dans L'Heure du Crime, sur RTL.
Samedi 3 avril, une semaine après la tentative de meurtre visant Paulette Dogliotti, sa tante Elisa Maggiorana attend l'autobus avenue Gambetta, devant un grand magasin. Albert Millet surgit sur le trottoir d'en face et lui tire une balle en pleine tête. Il part se réfugier dans les collines, un repère habituel qui lui vaut le surnom de "sanglier des Maures". Le lendemain, un témoin appelle la police. Millet est à la gare. On vient l'interpeller mais il fait feu. Dans la riposte, il est touché trois fois à la tête. On le croit mort. Il reste dans le coma mais s’en sort miraculeusement.
Vendredi 30 septembre 1955, Albert Millet, 26 ans, est jugé par la cour d'assises du Var, à Draguignan. Après quarante minutes de délibéré, Albert Millet est condamné à la peine de mort. Son avocat, Me Aymé Perrimond, se pourvoit en cassation. Millet est rejugé six mois plus tard, à Nice. Il échappe de justesse à la guillotine, condamné aux travaux forcés à perpétuité, peine qui exclut alors toute possibilité de libération. Détenu à Fresnes, Château-Thierry, puis dans la pire des prisons françaises, Clairvaux.
Mardi 10 juillet 1973, Albert Millet, est en libération conditionnelle. Sa condamnation à perpétuité a finalement été commuée à vingt ans de détention. Alors qu'il était emprisonné à Clairvaux, Millet a reçu une lettre de Fernande Valentin, l'épouse d'un de ses amis. Les courriers se sont alors succédés entre l'aide-soignante de l'hôpital San Salvadour de Hyères et le taulard. Ils sont tombés amoureux. Ils s'installent à Hyères, dans une petite maison de la vieille ville. Millet pointe toutes les semaines à la gendarmerie et fait tout pour se faire oublier.
Après six ans de vie commune, les liens se distendent. Fernande s’est lassée de cette vie avec un homme qui parle peu et la surveille sans cesse. Le 12 juin 1979, elle lui annonce qu'elle le quitte. Millet est furieux, il claque la porte. Vers 5h du matin, il entre silencieusement dans la chambre et la poignarde en plein cœur avec une dague. "Finalement, on se demande si Albert Millet aime ou s'il aime posséder puisque c’est encore un refus de Fernande, le fait qu’elle veuille se séparer de lui, qui va le faire disjoncter", explique Peggy Poletto. Encore une fois, Millet est condamné à la perpétuité.
Lundi 6 août 2007, Albert Millet, revient s'installer à Hyères. Il prend une chambre à l'hôtel du Soleil, sur les hauteurs de la vieille ville. Il croise le chemin d'une certaine Chantal Cardinuto. Ils finissent par s'installer ensemble mais cette dernière est en contact avec un vieil ami, Christian Fernandez. Ils se voient souvent. "Elle est en pleine dépression au moment où il la rencontre. Effectivement, quand Christian, pour lui, devient trop présent, il s’inquiète et malgré son âge, il dérape", explique Jean-François Tifiou, auteur du livre Le sanglier des Maures.
Novembre 2007. Albert Millet, rongé par la jalousie, tire sur Chantal Cardinuto et sur Christian Fernandez. Elle est grièvement blessée à la cuisse et son confident est tué. Millet s'est enfui dans la nuit. Les policiers pensent qu'il est une nouvelle fois parti se réfugier dans les collines. À Hyères, les habitants craignent que le "sanglier des Maures" continue à tuer.
Autour de 16h30, Albert Millet est aperçu par des promeneurs sur la route qui mène au parc Saint-Bernard de Hyères. Deux policiers le repèrent. Ils sont à ses trousses. Il disparaît entre les chênes et les oliviers. On entend un coup de feu. Il vient de se suicider. Aucun mot. Aucune explication. Quatre mois plus tard, Chantal Cardinuto décède des suites du choc émotionnel.
- Jean-François Tifiou, écrivain et auteur du livre : Le sanglier des Maures publié aux éditions Feed Back.
- Peggy Poletto, journaliste police-justice à Nice-Matin ayant enquêté sur cette affaire pour le quotidien.
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