Affaire Nelly Haderer : comment faire condamner un acquitté

Un soir de dispute, une mauvaise rencontre et la vie de Nelly Haderer a complètement basculé. Cette mère de deux enfants, nés de pères différents, a trouvé la mort sur son chemin alors qu'elle n'avait que 22 ans. L'affaire s'est étalée sur plus de 30 ans et un nom hante toujours la famille de la victime : Jacques Maire, le principal suspect. 

Samedi 31 janvier 1987, vers 8h15 du matin, quatre ferrailleurs arpentent la décharge publique de Rosières-aux-Salines. L’un d’eux sursaute en découvrant une jambe humaine appuyée contre une vieille cuisinière. À côté, un corps de femme amputée de la jambe droite. Elle n'a plus de mains. La tête est détachée du tronc. Nelly Haderer a pourtant été tuée de deux balles de 22 Long Rifle, son cadavre aurait été découpé dans un second temps. 

"La police a travaillé en cercles concentriques. D’abord, ils se sont intéressés au premier suspect, le compagnon, indique Christophe Gobin, journaliste pour L'Est Républicain. Il a été rapidement mis hors de cause. Ensuite, ils essaient de savoir qui aurait pu croiser sa route. Ils s’intéressent aux noctambules de Dombasle-sur-Meurthe." 

Le coupable idéal

En 1997, alors qu'un non lieu avait été prononcé par le juge, le procureur de Nancy décide de rouvrir le dossier. Un homme reprend place au centre de l'enquête des policiers. Jacques Maire, le caïd du coin, qui avait déjà été suspecté lors de la première enquête, est désigné, par deux nouveaux témoins, comme la dernière personne à avoir vu Nelly Haderer le soir avant sa disparition. 

Coupable idéal, auquel on attribue un autre meurtre, celui d'Odile Busset, Jacques Maire est écroué en 1999. Pour des raisons médicales, il est libéré après huit mois de détention. Cinq ans plus tard, il comparaît libre devant la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle, à Nancy. La justice le condamne pour la disparition d'Odile Busset mais faute de preuve contre lui ne peut l'inculper du meurtre abominable de Nelly Haderer.

En 2006, lors de son second procès, Jacques Maire est reconnu coupable des deux disparitions devant la cour d'appel d'Épinal. Coup de théâtre, il est à nouveau libéré. La greffière, qui s'était sentie mal à la fin du procès, avait oublié de signer le procès verbal. 

Le combat de la famille

Octobre 2008. Troisième procès dans cette affaire Nelly Haderer. La balance penche à nouveau du bon côté pour le maçon. Jacques Maire est acquitté. "Vous avez des témoins qui viennent pour la troisième fois devant une cour d’assises, certains ont vieilli, certains sont malades et donc le procès se passe beaucoup moins pour l’accusation, Jacques Maire, quant à lui, a changé, il a l’image de l’homme qui s’est posé", explique Me Pierre-André Babel, avocat au barreau d'Épinal et avocat de la famille de Nelly Haderer, dans L'Heure du crime, sur RTL.

La famille de Nelly Haderer ne baisse pas les bras pour autant et insiste pour que le coupable soit retrouvé. De nouvelles analyses sont ordonnées. Des recherches sur de possibles micro traces d'ADN : sur le couteau qui a servi à dépecer Nelly, sur ses bottines, son pantalon, son manteau sont expertisés. Nouveau rebondissement. En janvier 2014, une trace de sang jamais détectée auparavant est retrouvée à l'intérieur d'une des poches du jean de Nelly Haderer. L'ADN correspond à celui de Jacques Maire. 

Malgré les protestations des proches de la victime et des avocats, Jacques Maire a été acquitté et ne peut donc être jugé à nouveau. Les années de calvaire pour l'entourage de Nelly Haderer semblent toucher à leur fin quand, en 2018, Jacques Maire décède d'un infarctus. Cet événement met un sérieux coup de frein à l'enquête. "Il faut que la vie continue, c’est un meurtre assez ancien et il faut absolument aller vers l’avant", estime Me Pierre-André Babel. 

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Christophe Gobin, journaliste pour le quotidien L'Est Républicain. 
- Me Pierre-André Babel, avocat au barreau d'Épinal, avocat de la famille de Nelly Haderer.

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