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            Vjeran Tomic à son procès en janvier 2017
Crédit : BERTRAND GUAY / AFP
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Jeudi 20 mai 2010, peu après 7h30, le commissariat du quartier de Chaillot, au cœur de Paris, est alerté d'un cambriolage au musée d'Art Moderne. Un gardien qui vient de prendre son service a fait comme d'habitude sa ronde autour du bâtiment. Il a tout d'abord remarqué une issue de secours fermée de l'extérieur avec du fil de fer. Puis il a découvert une grande baie vitrée, celle qui donne sur la salle numéro 2, ouverte aux quatre vents. La vitre, qui pèse 80 kilos, a été soigneusement démontée et délicatement déposée sur le sol.
Dans la salle numéro 2, Nature morte au chandelier de Fernand Léger a disparu. Le ou les voleurs ont poursuivi la visite des lieux en s'emparent, salle numéro 1, du Pigeon aux petits pois de Picasso, de L'olivier près de l'Estaque de Georges Braque et de la Pastorale d'Henri Matisse. Salle 8, c’est la Femme à l'éventail de Modigliani qui n'est plus là. Cinq chefs d'œuvres viennent de s'envoler. La ville de Paris évalue les œuvres volées entre 90 et 100 millions d'euros. Le verdict des caméras de surveillance est troublant. Il n'a fallu que 17 minutes au braqueur pour commettre son vol.
Six mois après le vol, les policiers de la BAC du 16e arrondissement sont informés par un contact anonyme que le voleur du musée d'Art Moderne pourrait être un certain Tomic, dit "Tom". Il est capable d'escalader les façades des immeubles bourgeois de la capitale. Interpellé plusieurs fois, la police l'a surnommé "Spiderman". "C’est un as de la varappe, très fort en escalade. Il fait deux heures de course à pied chaque matin, suivi d'une séance de traction", explique Olivier Bouchara, directeur éditorial de Vanity Fair France, dans L'Heure du Crime, sur RTL
Les policiers de la BRB ne lâchent plus Vjeran Tomic. La téléphonie montre qu'il a passé de nombreux appels la nuit du cambriolage au musée. Sauf entre 2h00 et 6h00 du matin, le créneau au cours duquel le vol a été commis. Sept mois après le vol des tableaux, les enquêteurs notent que Tomic, pris en filature, est sur ses gardes. Sur une écoute, Tomic finit par se trahir. Il parle du vol. "Les flics veulent que je leur ramène les tableaux mais ils savent très bien qu'ils ne les auront pas. Je les ai vendus à 35.000 euros par tête".
Mardi 14 juin 2011, Vjeran Tomic, qui vient d’être incarcéré pour un vol de huit toiles de maître dans un immeuble du 16e arrondissement, est extrait de sa cellule et placé en garde à vue. Il ne tergiverse pas. Il avoue le vol au musée. Il explique avoir reçu une commande de quelqu'un vivant à l'étranger pour un Fernand Léger intitulé Les Disques mais le tableau n’était plus exposé. Le commanditaire s’est donc rabattu sur la Nature morte au chandelier. 
Un mois après les aveux de Tomic, l'antiquaire de la gare de Lyon, Jean-Michel Corvez, est placé en garde à vue. Après quelques heures d’interrogatoire, il admet que les cinq tableaux sont bien passés entre ses mains. "On a découvert que c’était quelqu’un de très organisé qui passait régulièrement des commandes à Tomic. C'est un véritable receleur qui connaît la valeur des choses, qui va préciser à Tomic ce qu’il doit voler", précise Laurent Alverola, ancien commandant de la Brigade de Répression du Banditisme.
Seize mois après le cambriolage, le bijoutier Yonathan Birn est à son tour en garde à vue. C'est lui qui aurait récupéré les tableaux confiés par l'antiquaire Jean-Michel Corvez. Birn confirme que Corvez a bien déposé chez lui deux ou trois sacs poubelles assez volumineux. Le joailler s'est débarrassé des toiles car il était affolé. Il aurait mis en pièces les cinq œuvres avant de les jeter.
Hiver 2017. Vjeran Tomic scrute les boiseries du tribunal correctionnel de Paris. Il est le personnage central du procès du cambriolage du musée d'Art Moderne. Les deux autres prévenus, les receleurs Jean-Michel Corvez et Yonathan Birn, spécialiste des montres de collection, sont en retrait. Tomic raconte son vol. "J'ai connu des appartements mieux protégés que ce musée", affirme-t-il. Le voleur reste persuadé que les tableaux n'ont pas été détruits.
Lundi 20 février 2017, Vjeran Tomic alias "Spiderman" est condamné à huit ans de prison. Sept pour l'antiquaire Jean-Michel Corvez. Six ans pour le joaillier Yonathan Birn qui malgré ses larmes et ses regrets, aurait détruit les cinq chefs-d'œuvre. Le trio est frappé d'une colossale amende à régler : 104 millions d'euros, dont ils ne pourront jamais s'acquitter.
- Olivier Bouchara, journaliste, directeur éditorial de Vanity Fair France et auteur de documentaires.
- Laurent Alverola, ancien commandant de la Brigade de Répression du Banditisme (BRB). Chef de groupe vols avec effraction. 
    
    
    
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