Affaire Mickaël Philétas : au procès en appel, "il a perdu de sa superbe", estime l'avocat général

Le 4 février 2024 au tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine), Mickaël Philétas arrive avec une attitude bien différente de celle que lui connaissent ses 2.000 abonnés YouTube. Âgé de 42 ans, il est jugé pour avoir poignardé son ancienne compagne, Mélanie Ghione, de 80 coups de couteau dans la nuit du 28 au 29 janvier 2020, chez elle à Ecquevilly (Yvelines).

Avec son couteau, Mickaël Philétas a gravement blessé Malaury Ghione, la soeur de Mélanie, et le compagnon de cette dernière, Brayan Hernandez. "Il reste en retrait. Il est moins à l'aise dans l'enceinte judiciaire", décrit l'avocat général David Sénat dans Les Voix du crime. 

Mickaël Philétas a été condamné une première fois, en janvier 2023, par la cour d'assises de Versailles à la réclusion criminelle à perpétuité. Il a choisi de faire appel, ce qui signifie que "la donne était différente. Il fallait bien qu'il trouve quelque chose à dire", explique le magistrat, qui le rencontre alors pour la première fois.

Mickaël Philétas se réfugie à la fois derrière la négation de l'intention criminelle, en disant qu'il n'a pas voulu tuer, et l'absence de préméditation

David Sénat, avocat général du procès en appel

Cet autoproclamé "coach en séduction" a déployé une stratégie, une "invention", selon David Sénat, qui consiste "à dire 'oui, j'ai préparé, j'ai acheté du matériel pour tuer, mais tout cela n'était que pour moi.'" Mickaël Philétas prétend aussi être entré par effraction chez Mélanie Ghione avec ces armes dans l'objectif de "discuter avec elle".

"Comme beaucoup d'accusés, il se réfugie à la fois derrière la négation de l'intention criminelle, en disant qu'il n'a pas voulu tuer, et l'absence de préméditation", analyse l'avocat général. Pourtant, David Sénat insiste : "Mickaël Philétas va préparer son geste immédiatement après sa rupture avec Mélanie Ghione, le 24 janvier. Cinq minutes après leur dernier message, il va rechercher activement des sites spécialisés dans l'armement."

Je l'attendais sur une éventuelle 'déradicalisation' mais dans le fond, je m'aperçois qu'il n'a rien fait

David Sénat, avocat général du procès en appel

Au moment de l'achat des armes, Mickaël Philétas ne rencontre aucune résistance de la part des armuriers. "Sa froideur et son calme évident n'ont pas éveillé les soupçons", souligne David Sénat.

L'avocat général décrit par ailleurs qu'il "fait l'effet d'un séducteur, sportif, qui présente bien. Il a une certaine 'intelligence relationnelle', incontestablement, et on conçoit bien que de jeunes femmes aient pu se laisser séduire par cet homme manipulateur."

Bien avant sa rupture avec Mélanie Ghione, Mickaël Philétas avait découvert l'idéologie masculiniste. Venu des États-Unis, ce courant rassemble des hommes qui se disent brimés par les femmes, parfois jusqu'à les haïr. David Sénat constate qu'il n'a rien fait pour se départir de cette idéologie : "Je l'attendais sur une éventuelle 'déradicalisation' mais dans le fond, je m'aperçois qu'il n'a rien fait." À l'issue du procès en appel, la peine de Mickaël Philétas est confirmée : la perpétuité, cette fois avec 22 ans de sûreté.

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