Affaire Marie-France Lacazedieu : pourquoi la grand-mère voulait-elle tuer ses petits-enfants ?

Marie-France Lacazedieu est une grand-mère de 60 ans qui adore ses petits enfants. Et pourtant, ils ont bien failli mourir une nuit du printemps 2021 dans un étrange incendie. Son mari a aussi échappé au pire. L'enquête va se concentrer sur la grand-mère et lever le voile sur ses secrets les plus sombres. 

Jeudi 15 avril 2021, à 1h00 du matin, les gendarmes de Peyrehorade, dans les Landes, sont appelés pour un incendie dans le village d'Habas. À leur arrivée, la fumée s'échappe d’une maison. Les pompiers sont sur place, ils viennent à bout du sinistre. Selon les pompiers, c'est un miracle que les quatre occupants soient sains et saufs. "La maison avait quasiment vocation à exploser dans les minutes qui ont suivi l’arrivée des secours", abonde Me Thierry Sagardoytho, l'avocat de Marie-France Lacazedieu. 

Guy B., 65 ans, sa compagne Marie-France Lacazedieu, et les deux petits-fils de cette dernière, onze et dix ans, ne peuvent pas dire ce qu’il s’est passé. Les voix sont pâteuses. Seule la grand-mère semble davantage lucide. Tous doivent leur survie à l'alarme de vidéoprotection qui a détecté une hausse brutale de température. Un proche de la famille a été prévenu par l'opérateur de la société Vérisure et a joint les pompiers. 

Une conjointe autoritaire

Les gendarmes sont intrigués par une série de détails. Un bidon rempli d’essence et dépourvu de bouchon est dans la chambre des grands parents. Un autre bidon est retrouvé dans celle des enfants. Un briquet a été laissé sur une chaise. Ils notent un grand nombre de médicaments dans la maison. "Les gendarmes vont apprendre de l’hôpital de Bordeaux qu'il y a du Temesta en quantité anormale chez Marie-France, chez Guy et chez les deux enfants. Le scénario qui se dessine est qu’il y a eu une administration pour les endormir et pour ensuite faire brûler le logement", explique Me Thierry Sagardoytho.

"C’est un couple qui en apparence peut montrer des signes de bon fonctionnement mais où il y a manifestement un dominant et un dominé. Au fur et à mesure du temps Marie-France coupe Guy de sa famille et de ses amis. Sur les derniers temps, Guy ne pouvait plus recevoir personne", décrit Me Frédéric Dutin, l'avocat de Guy B, dans L'Heure du crime, sur RTL.

Le profil autoritaire de Marie-France Lacazedieu continue d'éveiller les soupçons. Les enquêteurs s'intéressent donc de plus près à cette "mamie gâteau" et retombent sur un dossier datant de 2009. Son deuxième mari, Charles, avait déposé plainte contre elle pour une série d'agressions. En août 2007, Charles, qui faisait chambre à part, s'était réveillé avec un liquide dans la bouche. Il avait tout recraché, son visage était brûlé à l'acide. L'ex-époux indique encore que Marie-France Lacazedieu était fascinée à l'époque par un documentaire télé consacré à la veuve noire de l'Isère : Manuela Gonzalez. 

L'état psychologique de la grand-mère

Mercredi 21 avril. Marie-France Lacazedieu est mise en examen pour les tentatives d'assassinat de son compagnon et de ses deux petits-fils. La juge d'instruction de Mont-de-Marsan considère que la suspecte a mis le feu avec des chiffons imbibés d'essence. Seules ses empreintes ont été retrouvées, sur un briquet. Elle nie les faits puis se mure dans le silence. Elle est placée en détention provisoire. 

En avril 2022, elle se présente devant la juge et se montre plus affable. Son récit est encore confus mais elle donne plus d'éléments sur cette soirée où le pire aurait pu arriver. Guy a eu ces mots : "Les gosses font chier, ils ne pensent qu’à manger". La grand-mère aurait alors eu une bouffée d’angoisse. "Quand Guy a dit ça et que j’ai vu le petit pleurer, je n'étais plus moi. Il fallait que tout s’arrête", confie-t-elle. Deux ans plus tard, Marie-Françoise Lacazedieu passe aux aveux. "C’est moi qui ai mis le feu et qui ai endormi mes petits-enfants", déclare-t-elle. Elle sera condamnée à 20 ans de prison. 

"Marie-Françoise se dépeint comme l’a été sa propre mère, quelqu’un d’autoritaire qui donnait peu d’affection, cela a alimenté une souffrance qui l'a poussé à faire ce geste", indique Sébastien Lamarque, journaliste pour le quotidien La République des Pyrénées.

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Me Thierry Sagardoytho, avocat au barreau de Pau, avocat de Marie-France Lacazedieu. 
Auteur du livre : Affaires classées en Béarn et Pays Basque, publié aux éditions Sud-Ouest.
- Me Frédéric Dutin, avocat au barreau de Mont-de-Marsan, avocat de Guy B.
- Sébastien Lamarque, journaliste pour le quotidien La République des Pyrénées. 

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