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Le docteur Marcel Petiot à son procès en mars 1946.
Crédit : AFP
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Marcel Petiot était docteur. Il inspirait la confiance aux plus démunis pendant la Seconde Guerre mondiale et en a abusé pour accomplir un funeste dessein. Son nom, 80 ans plus tard, sonne encore comme celui de l'un des pires tueurs en série du XXème siècle.
Samedi 11 mars 1944, une habitante de la rue Le Sueur, dans le XVIe arrondissement de Paris signale à la police d'épaisses fumées qui s'échappent d’un l’hôtel particulier. L'odeur est âcre, nauséabonde. Pompiers et policiers débarquent sur place. Ils foncent au sous-sol et découvrent un spectacle effarant. Deux immenses chaudières en fonte brûlantes. De l'une d'elle, on voit pendre un bras de femme. Le sol est jonché de restes humains. Un véritable charnier.
Le propriétaire du bâtiment se prénomme Marcel Petiot. Il est porté disparu. Le commissaire Georges Massu, en charge de l'affaire, examine le parcours du docteur Petiot. Il est bien connu de la justice. Avant d'exercer à Paris il vivait à Villeneuve-sur-Yonne, un village près d'Auxerre.
Il a quitté la ville après avoir été condamné pour une longue série de méfaits. Des vols d'essence, d'huile et même un détournement d'électricité pour ne pas avoir à la payer. À Paris, il est soupçonné de s'être enrichi en vendant au prix fort des ordonnances aux toxicomanes.
Les gardiens de la paix poursuivent leurs recherches dans l'Yonne. Ils trouvent sous les combles un mur de valises, 49 exactement, 636 kilos de bagages. À l'intérieur, uniquement des vêtements dont on fait l'inventaire : 104 chemises, 75 robes ou encore un pyjama d'enfant. Georges Massu demande que toutes les étiquettes et les initiales brodées soient vérifiées. Quinze juifs sont identifiés, dont une famille entière, les Kneller, Kurt, son épouse Margaret et leur petit garçon de huit ans, René. Ils ont tous fini dans les flammes.
"Il y a un twist improbable dans cette histoire. Petiot avait intégré les Forces Françaises de l’Intérieur. On pouvait donc le penser tiré d’affaire mais il a demandé un droit de réponse à un journal qui l'accusait d'être à la botte des nazis. Ça l'a perdu", souligne Ségolène Chaplin, réalisatrice de la série documentaire Petiot, un tueur sous l’occupation.
Grâce aux détails livrés par inadvertance dans le courrier de Petiot au journal, les hommes de Massu vont mettre la main sur le fugitif. Face au juge d'instruction, il affiche un regard fixe, noir, et menaçant. Il assure être un héros de la Résistance. Mais aux FFI, personne ne le connait. Quant au réseau Fly-Tox duquel il se réclamait aussi, il n'existe pas. C'est un nom d'insecticide.
Lundi 18 mars 1946, Marcel Petiot trône dans le box des accusés de la cour d'assises de Paris. Toutes les victimes sont énumérées. La première identifiée est le fourreur juif Joachim Guschinov. C’était un patient de Petiot. Évanoui dans la nature avec toutes ses économies, un million de francs, de l’or, des bijoux. Il aurait fait cadeaux au médecin de cinq fourrures. À la question "où est-il ?", l'accusé répond : "En Amérique du Sud". "On ne l'a pas trouvé" ajoute le président". "C'est que l'Amérique est grande » réplique le docteur.
Cette partie du procès pose la question de l'état mental de Marcel Petiot. "Le problème c’est qu’il a un passé psychiatrique colossal. Quand il était à l’armée, ses bulletins psychiatriques étaient terribles", explique Charles Diaz, commissaire général honoraire de la police nationale et historien de la police, dans L'Heure du Crime, sur RTL.
Après trois semaines de procès, le 4 avril à 23h50, les jurés rendent leur verdict. Marcel Petiot est condamné à mort. Les journaux racontent qu'il souriait au moment de son exécution. Le nombre exact des victimes de Marcel Petiot n'a jamais pu être établi avec exactitude. Ces assassinats à la chaîne lui auraient permis d’amasser une fortune considérable, l'équivalent de 30 millions d'euros.
- Ségolène Chaplin, autrice et réalisatrice de la série documentaire Petiot, un tueur sous l’occupation, diffusée dimanche 21 septembre 2025 à 13h15 sur France 2.
- Charles Diaz, commissaire général honoraire de la police nationale et historien de la police. Auteur du livre Le 36 au temps de Maigret, publié aux éditions De Mareuil.
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