Un "monstre". C'est le substantif choisi par la presse pour le qualifier, lorsque le public à découvert, horrifié, qu'un tueur s'en prenait à de très jeunes filles en Haute-Savoie dans les années 80. Un individu réputé glacial, dépourvu de toute humanité, qui va échapper pendant des années aux soupçons des enquêteurs.
On le dit trop intelligent pour commettre la moindre erreur. Lui, se dit malade, victime de pulsions qui vont le pousser, jusqu'en 1991, à semer la terreur dans les rues d'Annemasse.
Ce jeudi 13
mars 1986, aux alentours de 17 heures, la docteur Michèle Bouvier appelle son
domicile, à quelques rues seulement de son cabinet médical. Chaque jour à la même heure, elle vérifie ainsi que sa fille Sophie, dix ans, est bien rentrée de l'école. C'est la première année que
l'enfant fait le trajet toute seule. Le téléphone ne répond pas.
Au même moment, 17h10, le frère aîné de Sophie, Guillaume, et un copain à lui, Jérôme, tous deux âgés de 13 ans, arrivent à l'appartement. Ils sonnent mais la petite sœur n’ouvre pas. Guillaume utilise donc ses propres clés. Les deux garçons entrent, intrigués par un coupe-papier posé en évidence sur une console, objet jamais vu dans la maison. Et par des flaques d'eau sur le carrelage de l'entrée.
Guillaume s'aperçoit que la chambre de sa mère est entrouverte. Dans l'entrebâillement, Il distingue soudain un visage. Un jeune homme grand et mince sort tranquillement en demandant si Sophie est là. Guillaume est décontenancé.
Sa maman l'appelle, il lui raconte qu'il vient de croiser un homme dans l'appartement, lequel vient de
sortir. "Où est Sophie ?" demande-t-elle. Guillaume
va vite retrouver sa petite sœur dans la salle de bain. Dans une baignoire
remplie aux trois quarts d'eau tiède, tête immergée, chevilles attachées par
des cordelettes, poignets liés dans le dos, la bouche obstruée par un bout de
tissu.
L'enfant est inerte. Ni les
pompiers, ni les médecins de l'hôpital d'Ambilly ne vont parvenir à ranimer
Sophie.
L'autopsie indique que la petite fille porte quelques ecchymoses mais elle est morte des suites d'une noyade. Elle n'a pas été violée mais elle a fait l'objet d'attouchements sur les parties intimes. Les policiers de la PJ d'Annecy et du commissariat d'Annemasse placent sous scellés les macabres accessoires, et le mystérieux coupe-papier hélas manipulé par les garçons. Seule une demi-empreinte papillaire est relevée.
À l'époque, l'ADN n'existe pas. Aucune trace exploitable dans la salle de bain ou la chambre de la maman. Les vêtements de Sophie ne seront retrouvés qu'une semaine après le crime, cachés dans un placard de l'appartement, lacérés et découpés en forme de croix. Un portrait robot est dressé en questionnant les adolescents.
Au commissariat d'Annemasse, le commandant Jean-Claude Lambert fait aussitôt le
lien avec une affaire qui s'est déroulée huit mois auparavant. Le 21 juin
1985, Angélique, 8 ans, a été agressée alors qu'elle entrait dans l'ascenseur
de son immeuble, en centre-ville.
Un homme l'a entraînée au sous-sol, l'a
ligotée avec des cordelettes dans le local poubelles, lui a posé du ruban
adhésif sur la bouche. Il a découpé ses vêtements avec des ciseaux. L'enfant, terrorisée, avait aussi subi des attouchements. L'individu l'a laissée
seule assise sur une poubelle.
Angélique, trop petite pour décrire l’homme, se
souvient tout juste de sa silhouette. Même mode opératoire, mêmes cordelettes
et même ruban adhésif prédécoupé, même quartier, même allure pour les deux
victimes. Les enquêteurs sont sur la piste d'un pédophile sévissant à Annemasse. Ils doivent l'arrêter au plus vite avant que les habitants ne sombrent dans la panique.
La petite Sophie est la première victime dont l'agression se solde par un décès. Mais il est loin d'en être à son coup d'essai.
Dans sa chambre, les enquêteurs retrouveront plus tard quelque 4.200 photos de jeunes filles et fillettes, classées en fonction de leur couleur de cheveux, leurs particularités physiques, adressant même une note d'appréciation. Et pour cause : il les suit de près, repère les lieux, établit toujours les mêmes scénarios.
Finalement le dénouement, en 1991. Arrêté, il est accusé de 3 agressions à caractère sexuel commises en moins de 7 ans et écope d'une peine de 30 ans de prison incompressibles. Pour sa défense, il évoque une agression sexuelle subie lorsqu'il était enfant, qui aurait causé de profonds dégâts psychologiques.
Me Georges Rimondi, avocat de la famille
de Sophie Bouvier.
Me Jane Canet-Fischer, avocate de
Lucien-Gilles de Vallière.
Serge Pueyo, correspondant de RTL à Grenoble et dans les Alpes.
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