Claude Nolibé avait tout du coupable idéal. Un jour d'été 1991, sa fille Caroline, 18 ans, est retrouvée baignant dans une mare de sang dans le jardin familial. Seul témoin de ce crime mystérieux, pour lui, c'est la double peine. Non seulement il vient de perdre son enfant, mais en plus, il est le principal suspect de cette affaire.
L'heure du crime revient sur le parcours d'un homme qui a vécu dans la peau d'un meurtrier durant 10 ans, et son long combat judiciaire.
Ce mercredi 31 juillet 1991, aux alentours de 22h30, Claude Nolibé est seul chez lui dans sa maison du quartier Longueville, à Clairac, petite commune située près d'Agen. Ce cariste de 52 ans, employé dans une usine, a passé l'après-midi à la pêche. Puis il est rentré à la maison. Lorsqu'il se couche à l'étage, Caroline n'est toujours pas rentrée.
Quand j'ai ouvert la porte, ma fille était allongée au sol
Claude Nolibé
Vers 23h10, il entend de drôles de bruits, une espèce de plainte. Il pense que c'est le chien, malade, qui se manifeste. Il quitte son lit. "Je suis descendu et quand j'ai ouvert la porte, ma fille était allongée au sol... Elle baignait dans une mare de sang mais elle respirait", raconte-t-il.
Caroline est face contre terre, la tête contre le portail du jardin. Son père la manipule, la pose sur le dos, essaie d'écouter son cœur, il a le pantalon et les mains pleines de sang.
Il rentre dans la maison alerter les secours mais ne parvient
pas à se servir de son téléphone qui, dit-il, a un code de verrouillage. Il
fonce alors chez le voisin. Quand le médecin arrive, Caroline ne respire
plus. Elle est morte.
Le médecin et les gendarmes constatent que Caroline Nolibé porte une plaie de quatre centimètres au thorax. L'autopsie, qui ne sera effectuée que cinq jours plus tard indique qu'elle a reçu un coup de couteau.
Détail macabre : le légiste estime que la malheureuse n'est pas morte sur le coup, elle aurait agonisé entre dix et quinze minutes. Elle porte deux traces de coups, l'un à l'œil gauche, l'autre au nez. Mais aucune violence sexuelle n'est constatée, elle n'était ni ivre ni droguée au moment de son décès.
Les gendarmes portent immédiatement leur attention sur le père. Son discours, confus, ne coïncide pas avec les traces retrouvées dans la maison. Il y a du sang dans l'entrée du pavillon,
sur un volet, sur un interrupteur. Et Claude est incapable
d'expliquer comment ces traces sont arrivées là. Il est sous le choc et ne
livre que des explications hésitantes. Les clés de Caroline sont sur la porte
d'entrée, à l'intérieur. "J'ai dû les prendre sans faire
attention", répond le père.
Quant à son téléphone, qu'il disait
verrouillé, il ne l'était pas. A-t-il paniqué au point de ne plus savoir ce
qu'il faisait ? Les suspicions vont bon train. Le coup mortel semble avoir été porté
de face par quelqu'un qui se serait trouvé dans la maison. Les gendarmes et le
procureur de la République de Marmande doutent. le père est considéré comme le
suspect numéro un.
Jeudi 1er août, des plongeurs de la
gendarmerie venus d'Arcachon, arrivent à Clairac. Ils inspectent le puits
dans le jardin afin d'y retrouver l'arme du crime, un couteau. Sans
résultat. La maison est perquisitionnée, les berges du Lot, toutes proches,
inspectées. En vain. Les enquêteurs soupçonnent une dispute qui aurait dégénéré
entre le père et sa fille. Claude Nolibé est placé une première fois en garde
à vue. Puis relâché.
Une semaine plus tard, les obsèques de Caroline sont célébrées dans un
lourd climat de suspicion. Tout le monde a les yeux rivés sur le père. On
chuchote qu'il est le tueur. Les médisances les plus obscènes circulent, il
aurait couché avec sa fille, elle serait une dévergondée. Le père
est montré du doigt, lui qui est un enfant du pays.
Le 14 août, les
gendarmes viennent le chercher pour 48 heures de garde à vue à la brigade de Clairac. Claude
Nolibé ne comprend pas ce qui se passe, il est mis en examen pour assassinat -
on dit à l'époque inculpé - et prend le chemin de la maison d'arrêt. Pourtant, de nombreux rebondissements vont démontrer que le véritable assassin de Caroline se trouvait à portée de main dès les débuts de l'enquête.
- Jean-Michel Desplos, journaliste à Sud-Ouest.
- Me Michel Gonelle, avocat de Claude Nolibé.
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