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Affaire Laurent Baca : la compagne du père de famille a-t-elle commis un crime ou tenté de se défendre ?

L'été 2014, à Toulouse, Laurent Baca est porté disparu. Les soupçons se tournent vers Édith, sa compagne. Le corps du père de famille est retrouvé par les policiers dans le grenier du domicile familial. La justice est alors face à une question complexe : Édith est-elle une victime ou bien une criminelle ? Le podcast d'"Enquêtes Criminelles" revient sur cet effroyable drame.

L'entrée du palais de justice de Toulouse (illustration)

Crédit : Matthieu RONDEL / AFP

Virginie Henaff

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Tout commence le 11 août 2014, lorsque Édith Scaravetti, 28 ans, signale la disparition de son compagnon Laurent Baca au commissariat. Elle affirme être sans nouvelles de lui depuis cinq jours. Selon ses dires, Laurent, déprimé de ne plus voir son fils vivant à Nîmes avec son ex-compagne, serait peut-être parti le retrouver. Plus tard, elle évoquera même son éventuelle participation à un "go fast", une opération de trafic de drogue vers l'Espagne.


Jennifer, la sœur de Laurent, refuse de croire à ces hypothèses, confie-t-elle dans Enquêtes criminelles. Elle remue ciel et terre pour retrouver son frère : porte-à-porte, contact avec les hôpitaux, commissariats, voyage en Espagne, ou encore avis de recherche sur les réseaux sociaux. Durant cette période angoissante, Jennifer trouve refuge chez Édith, devenue sa confidente.


Les enquêteurs remarquent rapidement des éléments troublants : cinq jours se sont écoulés entre la disparition et son signalement. Plus étrange encore, Édith semble peu concernée par l'enquête. Elle reste cloîtrée chez elle, volets fermés, fumant cigarette sur cigarette, maigrissant à vue d'œil.

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Une découverte macabre

Le 20 novembre 2014, les policiers se présentent au domicile du couple dans le quartier Saint-Simon. Dès leur entrée, une odeur caractéristique les saisit. Après une fouille minutieuse, c'est face au salon qu'Édith s'effondre : "Je suis un monstre, je suis un monstre ! J'ai retourné l'arme contre lui." Quand on lui demande où se trouve le corps, elle répond : "Il est au-dessus de vous."

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Dans les combles, les policiers découvrent un coffrage en béton. À l'intérieur, le corps de Laurent Baca repose dans un sac poubelle rempli de liquide de putréfaction. En garde à vue, Édith livre sa version : dans la nuit du 6 août, Laurent serait rentré ivre à 3h du matin. Une violente dispute aurait éclaté. Selon son récit, il la frappe, l'insulte, la menace avec une carabine 22 long rifle. 

Elle dit qu'après l'avoir jetée dans l'escalier et rouée de coups, il s'est allongé sur le canapé, plaçant le canon sur sa tempe, la défiant de tirer. Croyant l'arme inoffensive car sans chargeur visible, dit-elle, elle presse la détente et tue Laurent.

"Je suis un monstre, je suis un monstre ! J'ai retourné l'arme contre lui"

Édith Scaravetti, auteure du meurtre de son conjoint Laurent Baca

L'enquête révèle alors un couple à la dérive. Les témoignages décrivent une "relation chaotique" dès le début. Édith, tombée enceinte très jeune, a eu trois enfants avant ses 20 ans. Laurent, sans emploi, passait son temps à la maison et souffrait d'un problème d'alcool qui le rendait violent. Plusieurs proches confirment le calvaire quotidien d'Édith, marquée au couteau par son compagnon qui avait même tiré une balle dans leur lit conjugal une nuit de janvier 2014.

Un élément interpelle cependant les enquêteurs : contrairement à d'autres victimes de violences ayant tué leur bourreau, Édith n'a pas appelé les secours. Elle a d'abord enterré le corps sous la pergola, avant de le déterrer et de l'emmurer dans les combles, au-dessus de sa propre chambre. Plus macabre encore, pendant des mois, une tache d'humidité est apparue au plafond de la chambre conjugale, correspondant à l'emplacement du corps en décomposition.

L'enquête révèle également qu'Édith avait fait la connaissance d'un animateur pompier volontaire. Les deux avaient échangé près de 700 textos en quelques semaines. Laurent était au courant de cette relation et avait même proposé 1.000 euros à un ami pour "donner une raclée" à cet homme.

Des décisions de justice controversées

Lors du procès en 2018, le profil psychologique d'Édith et les violences conjugales sont au cœur des débats. Le tribunal entend le récit d'une femme non désirée par son père, violée à 12 ans, et victime pendant des années. Malgré les mensonges et les aspects macabres de l'affaire, les jurés retiennent la thèse de l'accident. Édith est condamnée à trois ans de prison ferme, correspondant à sa période de détention provisoire. 

Cette décision fait scandale auprès de la famille de Laurent. En appel, en mai 2019, Jennifer Baca crie : "Elle l'a emmuré ! Elle l'a emmuré !" et défend une autre théorie : "Pour moi il n'y a pas eu de dispute dans la nuit, pas eu de violence. Il dormait tranquillement sur le canapé quand elle est rentrée du centre de loisirs et qu'elle l'a abattu de sang-froid."

Le second procès est marqué par d'âpres joutes oratoires entre les avocats toulousains. Le 12 mai 2019, les jurés révisent leur jugement : Édith Scaravetti est finalement condamnée à 10 ans de réclusion criminelle. En 2021, elle bénéficie de remises de peine et est finalement libérée. Depuis, elle se fait discrète.

Cette affaire emblématique des difficultés à juger des crimes conjugaux où s'entremêlent violences, souffrance et zones d'ombre est à écouter dans le nouvel épisode d'Enquêtes criminelles.

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