Le double meurtre qui s'est déroulé au Bois-du-Pavillon a fait grand bruit, dans un village plutôt habitué à être bercé par la nature. En 2004, les corps de Robert Drouvin et Marianne Kubala, deux retraités aussi discrets que méfiants, sont retrouvés dans le jardin de leur propriété, ils ont été frappés.
Les nonagénaires ont été attaqués de bon matin, au moment où ils prenaient leur petit déjeuner, ce qui n'est pas habituel, ni pour un cambriolage, ni pour un règlement de compte. Par ailleurs, rien n'a été bougé dans la maison. Mais les victimes elles-mêmes, intriguent. Et si les retraités avaient une vie moins tranquille que ce qu'il n'y paraissait?
L'histoire passionne, mais faute de preuves, le dossier est clos en 2012 et le mystère demeure. Mais motivé par les progrès effectués en matière de recherche ADN depuis 18 ans, le parquet de Nanterre a décidé de réouvrir l'enquête.
Lundi 9 août 2004, Chantal, la femme de ménage se présente à l'entrée de leur propriété. Une demeure invisible de la route, enfouie dans les arbres, près du joli village de Vernou-sur-Brenne. Il est 9h00 et l'employée de maison trouve le portail électrique fermé. Curieux, il est toujours ouvert à cette heure-là.
Les voisins sont, eux aussi intrigués, car le couple de retraités ne répond pas au téléphone. Ils mettent la main sur un double des clés. Lorsqu'ils pénètrent dans la propriété, il sont immédiatement interpellés par la porte d'entrée, grande ouverte.
Sous la bâche, on a vu un chausson ensanglanté, on a reculé
Témoin de la découverte des corps
Sur le seuil, une espèce de poudre bleue a été hâtivement balayée. A une quinzaine de mètres, dans le jardin, une bâche recouvre une forme. Il y a une pantoufle juste à côté. La femme de ménage reconnait aussitôt celle du propriétaire. "On a vu un chausson ensanglanté, on a reculé" dira l'un des témoins. Personne ne va oser entrer dans la maison.
Les gendarmes de Vouvray sont alertés. Sous la bâche, ils découvrent le corps de Robert Drouvin, 84 ans, en chaussettes, chemise beige, pantalon bleu. Derrière un tas de bois, Marianne Kubala, 85 ans, git face contre terre, sa chemise de nuit relevée, sa culotte abaissée.
Aucun doute
n'est permis, le couple de retraités a été attaqué par quelqu'un qui les a
surpris chez eux, entré sans avoir brisé une porte ou une fenêtre. Rien n'a
été cassé, aucun désordre ne règne dans l'habitation, aucune armoire ouverte, aucun tiroir fouillé. Les fusils de chasse du propriétaire sont dans leurs râteliers. L'argent liquide, au total 1645 euros, n'a pas bougé.
Robert et
Marianne prenaient leur petit déjeuner au moment où ils ont été attaqués, la table de la
cuisine en témoigne. Le café est encore dans les tasses. Les traces de poudre
bleue aperçues sur le seuil et à d'autres endroits de la maison indiquent qu'un extincteur aurait servi aux propriétaires à se défendre.
L'autopsie
démontre que Robert a reçu des coups au visage et à la tête par quelqu'un qui a
agrippé sa chemise. Mais c'est le coup reçu derrière la tête qui lui a été fatal, peut-être un
marteau.
Marianne Kubala semble avoir pris la fuite jusqu'au petit abri de
jardin où elle aurait trébuché sur un parpaing. L'autopsie indique qu'elle a
reçu du gaz lacrymogène, elle est morte par asphyxie mais n'a pas subi de
violences sexuelles.
Robert, ancien ingénieur à Gaz de France, habitait au Bois-du-Pavillon depuis
une quarantaine d'années. Chose étrange, il présentait Marianne, comme étant sa gouvernante, alors qu'elle était de toute évidence sa compagne.
Il se chuchote que le couple, d'un naturel méfiant
et secret, était depuis peu sur le qui-vive. De nombreux éléments demeurent encore inexpliqués, mais cela pourrait évoluer, au regard de nouvelles investigations portant sur l'ADN, qui seront menées par le parquet de Nanterre.
- Caroline Devos, journaliste à La Nouvelle
République.
- Me Xavier Brunet, avocat de la famille
Kubala.