On l'appelle le chasseur sans tête. Dans la petite campagne d'Auvergne non loin de Vichy, se cache un criminel à la réputation sanglante. Au matin de la Noël 1995, deux jeunes chasseurs en repérage découvrent dans un fossé le corps sans tête d'un certain Christophe Doire. Marié, père d'un petit garçon de 9 ans, employé aux abattoirs de Vichy, c'est un gars du coin dont on connaît bien la famille et sa passion pour la chasse.
Une scène aussi terrifiante qu'hallucinante puisque les bottes de la victime ont été déposées à la place du crâne manquant. Comme s'il s'agissait d'une sinistre et morbide provocation. Une énigme criminelle qui depuis vingt-sept ans, laisse perplexe les gendarmes et les juges. Les années passent et les investigations piétinent, le monde de la chasse n'est pas bavard, les langues ne se délient pas.
Pourtant le frère de la victime, Olivier Doire, refuse une clôture du dossier. Interviewée dans L'Heure du crime, son avocate Juliette Chapelle, témoigne de l'acharnement de son client pour relancer l'enquête. "Il a tout fait depuis le premier non lieu pour que cette affaire ne soit pas oubliée et surtout, que la prescription ne soit pas acquise", dit-elle au micro de RTL.
Un crime ne peut pas resté impuni
Eric Neveu, procureur de la République de Cusset
Les efforts d'Olivier Doire finissent pas payer. Le 30 juin 2022, la veuve de Christophe Doire est mise en examen, soupçonnée d'avoir trucidé et décapité son mari. Elle qui avait été écartée de la liste des suspects dès les prémices de l'enquête, se retrouve après 27 ans de recherches, dans le viseur des autorités judiciaires.
Jusque là, les enquêteurs ne disposaient pas de l'ADN de la victime. L'évolution des techniques scientifiques permettent alors d'identifier la présence d'une trace génétique à l'intérieur de sa botte gauche, celle de Maria Doire. C'est au tour du procureur de la République de Cusset, Éric Neveu, de mettre son nez dans cette affaire qui piétine toujours. Celui-ci raconte ses motivations au micro de Jean-Alphonse Richard dans L'Heure du crime sur RTL : "Un crime ne peut pas resté impuni, déclare t-il.
Il poursuit : "Le travail d'un procureur de la République est que lorsqu'on constate une infraction, qui plus est une infraction des plus graves tel que le crime et relève de la Cour d'assise, c'est de rechercher les auteurs de ces infractions avec des enquêteurs et de traduire le ou les auteurs de ces infractions devant une cour d'Assise".
C'est la conjonction de deux volontés,
Juliette Chapelle, avocate d'Olivier Doire
Pour l'avocate du frère de Christophe Doire, Juliette Chapelle, rétablir la vérité est le principal objectif de ces deux acteurs au centre de cette affaire : "C'est la conjonction de deux volontés, explique t-elle. La volonté d'Olivier Doire que la justice fasse son devoir, c'est-à-dire qu'elle n'abandonne pas et qu'elle continue de fouiller les pistes pour aboutir à la vérité. Et la volonté d'un procureur de la République qui est de mettre tous les moyens pour pouvoir aboutir à une vérité".
Les zones d'ombre demeurent et l'enquête n'est pas terminée. Des scellés n'ont pas encore livrés tous leur secrets. La thèse d'un acte collectif se pose également, en supplément des suspicions autour de l'implication de Marie Doire dans le meurtre de son époux.
- Thibaut Solano, journaliste à Marianne
- Juliette Chapelle, avocate d’Olivier
Doire, le frère de la victime
- Eric Neveu, procureur de la République de
Cusset
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