Affaire Kevin Clabaux : la folie meurtrière du fils cannibale

Mardi 13 mars 2007, 20h30, les pompiers de Crépy-en-Valois sont appelés pour une agression dans un pavillon route de Soissons, au numéro 51. Sur place, les pompiers tombent tout de suite sur Michel Clabaux, 41 ans, le père de famille. Sur le trottoir, en état de choc, une plaie ouverte au front, le bras droit fracturé. Autour de lui son beau-frère et sa belle-mère qu'il a appelés au secours.

Sans dire un mot, Michel Clabaux guide les pompiers dans la maison. Dans la salle de bains, une femme habillée gît dans la baignoire. Elle a été défigurée. Du sang partout sur les murs et au plafond. Un couteau à la lame cassée est dans le lavabo. Au premier étage, dans une chambre d'adolescent, un jeune garçon sous un drap ensanglanté. L'auteur de ce massacre est Kevin, le fils aîné de Michel Clabaux. 

Kevin Clabaux est recherché. Un signalement est diffusé à toutes les patrouilles de gendarmerie. Les domiciles de ses grands-parents sont placés sous protection. Une semaine avant le drame, du 28 février au 5 mars, Kevin a séjourné en hôpital psychiatrique, à Fitz-James. Sa mère s'inquiétait en effet depuis des mois du comportement de son fils. Il restait dans son coin, silencieux, regardait tout le monde avec un sourire en coin.

Les courriers de l'horreur

Mercredi 14 mars 2007, lendemain de la tuerie, les experts de la gendarmerie sont toujours à pied d'œuvre dans la maison de la famille Clabaux. Les gendarmes visitent la chambre du suspect. L’ambiance y est délibérément lugubre. Des figurines et des affiches de films d'horreur. Dans son ordinateur, on retrouve une photo de Michel Fourniret. Dans sa bibliothèque, des livres d'anthropologie dont un intitulé Cannibales, histoire et bizarreries.

Les gendarmes saisissent trois longues lettres dans la chambre du jeune homme. "Je rêve de parcourir les rues fusil en main en exécutant tout sur mon passage, je rêve d'enfoncer une tronçonneuse dans les viscères de tout homme, me projetant divers morceaux et lambeaux de chair à la figure. Je fantasme sur d'immenses carnages", peuvent-ils lire sur le premier courrier. 

Le même jour, vers 17 heures, une automobiliste et sa sœur aperçoivent un jeune homme au crâne rasé et ensanglanté qui marche en boîtant sur le bord de la route, à une douzaine de kilomètres de Crépy-en-Valois. Les gendarmes sont alertés. À 17h50, e Clabaux est arrêté. Sans résistance. Il semble dans un état second, les yeux écarquillés, perdu dans ses pensées. 

Un non-lieu psychiatrique

Kevin Clabaux est interrogé par les gendarmes de la brigade de recherches de Senlis. Il parle d'une voix monocorde, sans excitation ni affect. Il décrit sa journée meurtrière. Le tueur raconte avoir léché le sang de sa mère sur le carrelage et a avalé un bout de sa cervelle. Il a fait la même chose avec le sang de son frère. En attendant son père, il a regardé la télé près du corps de son frère. Il s'est brossé les dents à côté de celui de sa mère. 

Mercredi 25 avril 2007, un mois et demi après le drame, Michel Clabaux, le père de famille, est retrouvé pendu à un cerisier dans le jardin de la maison du crime. "Il avait l'air de tenir le choc, mais c'était un homme brisé", confie une amie de la famille dans le journal Le Parisien. "Il n’a pas voulu de suivi psychiatrique et malheureusement il a été jusqu’au bout. Il a été symboliquement rechercher la mort à l’endroit où elle avait frappé son fils et sa femme", précise le Docteur Bernard Marc, médecin légiste dans l'affaire Kevin Clabaux, dans L'Heure du Crime, sur RTL. 

Lundi 11 février 2008, onze mois après la tuerie de Crépy-en-Valois, le parquet de Senlis réclame un non-lieu psychiatrique en faveur de Kevin Clabaux, désormais âgé de 19 ans. "Le jeune homme se trouvait au moment des faits atteint d'un trouble psychiatrique ayant aboli son discernement", indique le substitut du procureur. Kevin est interné à l'hôpital de Villejuif. Il ne sera jamais jugé. "Il a demandé une extension, un assouplissement des ses conditions de détention. Il est autorisé à sortir avec le personnel soignant pour faire des emplettes", indique Jade Serrano, journaliste d'investigation.

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Jade Serrano, journaliste d'investigation et spécialiste en police-justice. 
Auteure du livre : Quand les hommes mangent leurs semblables, publié aux Éditions du Rocher.
- Docteur Bernard Marc, médecin légiste notamment dans l'affaire Kevin Clabaux.
Auteur du livre : Médecin légiste - Pour les morts et les vivants, publié chez Mareuil. 

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