Affaire Josef Fritzl : comment "le monstre national" a été arrêté

En Autriche, Josef Fritzl est affublé d'un surnom qu'il portera jusqu'à la fin de ses jours : "le monstre national".  Au printemps 2008, ce pays mais aussi le monde entier découvraient, éberlués, le sordide secret de cet homme. Depuis vingt-quatre ans, il détenait prisonnière sa fille Elisabeth dans le sous-sol de la maison familiale. 

Elle avait 18 ans quand elle a été jetée dans cette geôle invisible. Elle en sortira à l’âge de 42 ans. Pendant toutes ces années de captivité, Elisabeth a été méthodiquement violée par son père. Sept enfants sont nés de cette union incestueuse.

Les enquêteurs, effarés, vont découvrir ce pénitencier souterrain où n'entrait jamais le soleil et où vivaient en reclus une mère et ses enfants. Les psychiatres vont étudier les mécanismes pervers et sadiques de cet électricien anonyme. 

Il y a un paradoxe puisqu'il a de l'affection pour ses victimes.

Blaise Gauquelin

C'est au bout de vingt-quatre ans de secret que Josef Fritzl commet sa première erreur : il accepte de conduire Kerstin, un des enfants nés de ses viols répétés sur sa fille, à l'hôpital. À partir de ce moment-là, tout s'enchaîne. 

"Il y a un paradoxe puisqu'il a de l'affection pour ses victimes. Ses victimes sont ses enfants. Il ne s'est pas résolu à ce que Kerstin meurt. (...) C'est assez rare dans les histoires criminelles d'avoir un bourreau qui finalement lâche l'affaire. Finalement, il savait très bien qu'en sortant de la cave, c'était terminé", explique Blaise Gauquelin, journaliste à l'AFP en Autriche et invité de L'Heure du crime. 

En garde à vue, Josef Fritzl avoue les viols répétés sur Elisabeth, sa séquestration pendant vingt-quatre ans, les naissances des enfants. Des psychiatres se penchent sur son cas. La psychiatre Kastner évoque l'exercice d'un tortionnaire. "Fritzl était un homme autoritaire et il voulait avoir son autorité sur son petit monde puisqu'en vieillissant, il sentait bien qu'il la perdait là-haut au fur et à mesure que ses enfants grandissaient", précise Blaise Gauquelin. 

En 2009, Josef Fritzl se déclare coupable de tous les chefs d'accusation. Il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. "Il regrette tout. Il regrette, mais il ne peut pas changer. (...) Il dit très souvent qu'il regrette ce qu'il a fait parce que chaque jour, il y pense", affirme Me Astrid Wagner, avocate de Josef Fritzl et invitée de L'Heure du crime. 

Les invités de l'émission

- Blaise Gauquelin, journaliste à l'AFP (Agence France Presse) en Autriche. 
- Me Astrid Wagner, avocate à Vienne, avocate de Josef Fritzl et auteure du livre The abysses of Josef Fritzl (disponible uniquement en anglais).