Affaire Jean-Claude Romand : comment a-t-il maintenu ses mensonges pendant 19 ans ?

C'est un mystère criminel rapidement résolu, mais dont l'auteur a verrouillé tous les mécanismes. Le 11 janvier 1993 sont retrouvés dans une maison en proie aux flammes, les corps mutilés de la famille Romand, Florence Romand et ses enfants, Antoine 5 ans et Caroline 7 ans. Seul le docteur Jean-Claude Romand a survécu au massacre. Quelques heures plus tard, les parents du rescapé sont également découverts assassinés, à leur domicile dans le Jura. 

Cet homme estimé, bon père de famille et médecin sérieux, apparaît alors comme un meurtrier glacial et un mythomane. Ce dernier menait une existence parallèle qu'il s'était fabriquée, une brillante carrière de médecin à l'Organisation Mondiale de la Santé, à Genève. Pendant près de vingt ans, il n'a fait que tromper son entourage.

En réalité, l'imposteur passait ses journées dans des bibliothèques et sur des parkings de supermarché. Pour assurer son train de vie et maintenir l'illusion, le faux médecin a ainsi extorqué de l'argent à ses proches durant des dizaines d'années. Un mensonge qui l'a rattrapé, l'a consumé, par peur que tout son entourage ne découvre son vrai visage, celui d'un menteur qui avait tout raté. 

L'imposteur rattrapé par ses démons

"Le scénario et le rôle de Romand était tellement bien ficelé. Il a berné beaucoup de monde. Il était très fort", se souvient Emmanuel Crolet, le frère de Florence. "De toute façon, c'était son job numéro 1 de mentir et il le peaufinait à merveille. On ne pouvait rien voir".
Selon le frère et l'oncle de trois des victimes, Emmanuel Crolet, Florence aurait découvert le secret de son mari, ce qui aurait provoqué son passage à l'acte quelques semaines plus tard, afin de ne pas être démasqué.

Interrogé, le faux médecin a reconnu les assassinats. Il est mis en examen, écroué, mais la raison du massacre est restée sous silence. Condamné en 1996, l'assassin Jean-Claude Romand passe de longues années de prison. Après 26 ans, il obtient finalement sa libération conditionnelle, une décision particulièrement contestée par la famille de Florence.