Affaire Jacques Bouthier : vidéo, complices, témoignages... ce que l'on sait

Jacques Bouthier, l'ancien patron richissime de la société de courtage en assurances Assu 2000, a été mis en examen et incarcéré pour "viols sur mineur(e)s" et "traite d'êtres humains", révélait RTL lundi dernier. L'homme, qui fait partie des 500 plus grandes fortunes de France, a toujours été discret, tout en entretenant le mythe d'un patron parti de rien et qui a gravi les échelons tout seul. 

La descente aux enfers du PDG a commencé quand une jeune fille de 16 ans s'est présentée à la police, racontant être tombée dans les griffes de Jacques Bouthier  pendant des années de calvaire. Le septuagénaire l'aurait violée à plusieurs reprises. Il lui payait un logement en région parisienne pour pouvoir assouvir ses penchants pédophiles. 

Aujourd'hui, la victime a 22 ans et est trop vieille à son goût. Jacques Bouthier lui donne donc une mission : trouver une remplaçante. La plaignante fait venir une adolescente de 14 ans, en déshérence. Mais elle prend soin de filmer une scène au lit entre la jeune fille et l'agresseur.

Cette vidéo va provoquer d'incroyables rebondissements. Au début, la jeune femme utilise cette vidéo pour faire chanter Jacques Bouthier. Mais l'homme d'affaires contre-attaque. Il monte sur pied une équipe - composée de la femme du PDG et d'un ancien gendarme du GIGN entre autres -, pour récupérer le film, enlever la jeune femme et l'exfiltrer hors de France. Les cinq personnes qui ont mené l'opération sont aujourd'hui mises en examen et écrouées. 

Et c'est une affaire à tiroirs puisque certains protagonistes de cette "équipe" ont tenté d'arnaquer Jacques Bouthier en lui faisant croire que les policiers étaient prêts à fermer les yeux s'il leur versait 1 million d'euros.

Des témoignages glaçants

Mais entre temps, en mars, la jeune fille a porté plainte et le patron a été mis sur écoute. L'enquête, qui va mobiliser quasiment tous les effectifs de la brigade des mineurs, a permis d'identifier 7 victimes, toutes mineures ou jeunes majeures au moment des faits. Chaque fois, le même mécanisme opérait : quand elles devenaient trop âgées pour le grand patron, elles devaient lui trouver la prochaine victime qui les remplacerait.

Elles livrent des témoignages glaçants, de la France jusqu'au Maroc. Et notamment à Tanger où se trouve le centre d'appels du groupe, une plateforme qui emploie en majorité des femmes. Jacques Bouthier s'y rendait pour repérer ses futures proies. Aïcha l'a vu faire des avances, sous les regards complices de ses supérieurs : "Les managers étaient les intermédiaires entre les filles et Jacques Bouthier. J'ai vu une scène où le PDG disait qu'il fallait poser un IPhone sur le bureau de la jeune fille et lui dire qu'elle était invitée à dîner. Si elle n'acceptait pas, elle était virée", raconte Aïcha. 

Pendant des années, le silence est de mise. Il faut dire que la culture d'entreprise chez Assu 2000 semble particulière. Un ancien salarié, resté anonyme, évoque au micro de RTL "un club d'hommes". Il se souvient de ses collègues fiers de participer à des week-ends d'entreprises exclusivement réservés aux collaborateurs masculins.

Tout cela n'a rien d'illégal. Mais cela dessine tout de même un certain climat qui a entouré et permis de taire les agissements du patron. Sollicitée par RTL, l'avocate de Jacques Bouthier n'a pas souhaité réagir. Désormais l'enquête est entre les mains d'un juge d'instruction.

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