En 1986, trois hommes sont condamnés par la cour d'Assises du Tarn-et-Garonne pour le meurtre raciste d'Habib Grimzi survenu trois ans plus tôt. Leurs noms : Anselmo Elviro-Vidal, Marc Béani et Xavier Blondel. Tous étaient, à l'époque des faits, candidats à la Légion étrangère.
Le 13 novembre 1983, ces trois impétrants montent accompagnés d'un quatrième et d'un caporal, à bord du train de nuit reliant Bordeaux à Vintimille. Le groupe est fortement alcoolisé. Dans un des wagons, Anselmo Elviro-Vidal, Marc Béani et Xavier Blondel tombent sur Habib Grimzi, touriste algérien de 26 ans, Walkman sur les oreilles.
Anselmo Elviro-Vidal, Marc Béani et Xavier Blondel, l'agressent sous les insultes racistes puis le retrouvent plus tard pour l'achever. Habib Grimzi est jeté du train en marche et meurt sur le coup. Son corps est retrouvé le lendemain matin aux abords de Castelsarrasin.
Les trois candidats à la légion sont arrêtés. Le quatrième, endormi sous l'effet de l'alcool n'est pas inquiété. "Il a continué jusqu'à Aubagne. Et la Légion, qui ne s'est pas si bien comportée que ça dans cette affaire, ne l'a pas accueilli dans ses rangs", indique Jean-Baptiste Harang, ex-correspondant de Libération à Toulouse, dans Les Voix du crime.
Le caporal était en fin de contrat à la Légion étrangère, et donc son contrat n'a pas été renouvelé, et ça tombait bien de le virer
Jean-Baptiste Harang
Le caporal, "un Allemand de la Légion étrangère" chargé de leur supervision n'a non plus jamais été poursuivi. L'officier n'est pas venu au premier procès. Un second, en appel à la demande de Marc Béani, a été organisé l'année suivante. "Et pour le deuxième, [le caporal] est venu en civil, se rappelle Jean-Baptiste Harang. Quand il y a eu l'appel des témoins, il a répondu 'affirmatif', en claquant les talons."
Pourtant, il ne se présentera pas au moment de la déposition. "Quand il a été appelé pour livrer son témoignage, il avait disparu, on ne l'a jamais revu, souffle le journaliste. Il était en fin de contrat à la Légion étrangère, et donc son contrat n'a pas été renouvelé, et ça tombait bien de le virer."
C'est évident que la Légion était responsable
Jean-Baptiste Harang
Jean-Baptiste Harang est aujourd'hui encore marqué par cette affaire qu'il a décidé de raconter dans un livre intitulé Bordeaux-Vintimille (Grasset, 2013). "On peut dire que la Légion étrangère, dans cette affaire, a esquivé sa responsabilité", explique-t-il. "Elle n'était non pas responsable du crime, bien entendu, mais elle était responsable des gens qui l'ont commis."
En témoignent les conditions du trajet pour le petit groupe de candidats. "Ils voyageaient sous la responsabilité de la Légion, sous la responsabilité d'un sous-officier qui était censé les contrôler avec un billet de chemin de fer payé par la Légion étrangère, un billet collectif où il y avait les cinq noms dessus, les quatre jeunes plus l'adjudant.... C'est évident que la Légion était responsable. Elle a réussi à esquiver toute poursuite ou toute responsabilité à assumer. Ce n'est pas glorieux pour l'armée française."
Contactée récemment par RTL, la Légion étrangère n'a pas répondu à notre sollicitation.
La Légion étrangère a bien fait son travail de lâcheté
Jean-Baptiste Harang
Un collègue journaliste de Libération a bien tenté de contacter la Légion pour l'interroger. "Il a eu une langue de bois du responsable de la communication qui lui a expliqué qu'on ne communiquait pas", soupire Jean-Baptiste Harang.
Il ajoute : "La Légion étrangère a bien fait son travail de lâcheté, disons, puisqu'elle a réussi à ne pas être attrapée par le mécanisme judiciaire, mais à mon avis, et à l'avis de beaucoup, j'espère, elle a une part de responsabilité. D'ailleurs, qu'elle a assumée en creux, puisque les convoyages, après, se sont faits de façon différente, plus sécure et avec des contrats moins contraignants pour elle."
Ce changement à la marge "s'est payé trop cher", regrette le journaliste. "Il n'y avait pas besoin de ça pour se conduire bien."
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