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Croquis de Francis Evrard lors de son procès en octobre 2009.
Crédit : BENOIT PEYRUCQ / AFP
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Seize ans après, Me Emmanuel Riglaire se souvient de la colère de ses clients, "des gens simples" dont la vie a été bouleversée le 15 août 2007. Ce jour-là, Enis, 5 ans est enlevé à Roubaix (Nord). Quelques jours après, le père et les grands-parents du petit garçon découvrent le profil alarmant de celui qui l'a drogué puis violé dans un box de parking : il s'appelle Francis Evrard, et vient de sortir de prison pour des faits similaires.
Comment a-t-il pu commettre à nouveau des actes pédocriminels, lui qui a déjà passé une dizaine d'années derrière les barreaux dans une structure spécialisée ? "Cette affaire nous montre que manifestement, plutôt que d'améliorer Francis Evrard, l'emprisonnement l'a entretenu dans ses vices et que rien n'a marché", résume Me Emmanuel Riglaire dans Les Voix du crime.
Pris en flagrant délit, Francis Evrard est immédiatement arrêté puis mis en examen. L'enquête montre de nombreux dysfonctionnements dans son suivi. "Quand Francis Evrard sort (de prison), on est en période estivale. Ce sont les vacances auxquelles les greffiers ont bien sûr droit. Sauf que son dossier ne va pas être suivi en priorité et qu'il va être laissé dans la nature pendant de nombreuses semaines sans qu'on s'inquiète de lui", explique Me Emmanuel Riglaire.
Ce qui va être le plus long, ça va être de comprendre comment Francis Evrard a pu être entretenu dans ses vices
Me Emmanuel Riglaire
Les parties civiles, Enis et sa famille, ne sont pas au bout de leurs peines. En plus d'avoir manqué de suivi à sa sortie de prison, les enquêteurs découvrent que Francis Evrard était en possession de Viagra. "Il explique tout simplement que médicalement, il avait des certains problèmes et qu'il souhaitait obtenir ces produits et les a obtenus", rapporte Me Emmanuel Riglaire.
Pourtant, la maison d'arrêt dans laquelle Francis Evrard était incarcéré était spécialisée dans la prise en charge des auteurs de violences sexuelles. Comment un médecin travaillant dans une telle structure a-t-il pu donner son accord pour cette prescription ? Me Riglaire est persuadé qu'on a cherché à couvrir le professionnel de santé mis en cause. "Les fiches nous aidant à comprendre qui avaient donné Viagra avaient disparu. Et personne ne va assumer jusqu'à ce qu'un lampiste vienne dire au procès que c'était lui. Et nous savons que ce n'est pas lui", insiste-t-il.
De même, l'enquête montre qu'en prison Francis Evrard avait accès à des images pédopornographiques. "Ce qui va être le plus long, ça va être de comprendre comment Francis Evrard a pu être entretenu dans ces vices, c'est à dire qu'il faudra x interrogatoires et x investigations pour savoir qui a véritablement prescrit le Viagra. Il va falloir effectivement un interrogatoire pour comprendre comment il a pu avoir ces images pédophiles. Donc le dossier est simple, mais il est assombri par des gens qui n'assument pas les fautes qu'ils ont commises".
La famille venait chercher de la sécurité, c'est-à-dire que la seule chose qui les obsédait, c'était de compter à quel âge il serait dehors
Me Emmanuel Riglaire
À l'issue de son procès, Francis Evrard est condamné à 30 ans de prison, assortis de 20 ans de sûreté. "La famille ne venait pas chercher un chiffre, la famille venait chercher de la sécurité, c'est à dire que la seule chose qui les obsédait, c'était de compter à quel âge il serait dehors. Et donc, bien évidemment, plus le chiffre était important, plus ils étaient rassurés", commente Me Emmanuel Riglaire.
Sur sa lancée et dans la lignée des révélations de l'enquête, l'avocat cherche à faire reconnaître la responsabilité de l'État dans ce qui est arrivé au petit Enis. Une procédure qui n'a pas abouti. "J'ai perdu le lien et le contact avec le papa d'Enis, qui a rencontré de nombreuses difficultés personnelles, confie-t-il. Je pensais qu'il serait fort sur la durée et au contraire, cet homme est véritablement tombé dans une profonde dépression."
Aujourd'hui, l'avocat prend cette affaire comme exemple du manque de moyens accordés à la justice, notamment de juges d'application des peines, profession directement mise en cause par le Président de l'époque tout juste élu : Nicolas Sarkozy. Ce dernier profitera d'ailleurs de l'affaire Francis Evrard pour faire passer une loi polémique sur la rétention de sûreté, visant à laisser enfermées certaines personnes ayant purgé leur peine.
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