Affaire Etan Patz : le petit disparu de Manhattan

C'est le visage qui a changé toutes les enquêtes sur les enfants disparus. Celui du petit Américain Etan Patz, 6 ans, évaporé sur le chemin de l’école au printemps 1979, au cœur de New York. À l'époque, sa photo, cheveux blonds, traits angéliques, sourire innocent, s’affiche partout. Pour la première fois dans une enquête criminelle, l'avis de recherches est même imprimé sur des boîtes de lait.

L'affaire Etan Patz agit comme un électrochoc dans une Amérique qui émerge des années hippies. Tout un pays qui se pose la même question : et si ce petit garçon était le vôtre ?

Jamais une disparition d'enfant n'aura ainsi mobilisé autant d’enquêteurs. Deux suspects successifs vont faire figure de coupables potentiels. L'un d'eux sera même condamné, mais le corps, lui, ne sera jamais retrouvé. Le doute va ainsi s’installer, comme si le rideau de la vérité ne parvenait pas à se lever entièrement. 

Il y a une énorme pression qui pousse les policiers à forcer le trait ou à tenter absolument de circonscrire l'affaire autour d'un seul candidat.

Philippe Coste

Le premier suspect s'appelle José Antonio Ramos. Le FBI le décrit comme un vagabond itinérant mais surtout pédophile dangereux. Il est alors en prison pour avoir arrêté en flagrant délit d’exhibitionnisme et d’attouchements. L'homme nie toute implication dans la disparition du petit Etan. 

Pendant deux ans, tout est entrepris pour que Ramos soit mis en accusation. "Il y a une énorme pression qui pousse les policiers à forcer le trait ou à tenter absolument de circonscrire l'affaire autour d'un seul candidat", indique Philippe Coste, journaliste et invité de L'Heure du crime. Mais faute de preuves, José Antonio Ramos ne sera jamais inculpé pour la disparition d’Etan Patz. 

Il faudra attendre trente ans pour que le nom d'un deuxième suspect apparaisse : celui de Pedro Hernandez, employé d'une boutique de boissons fréquentée par la famille Patz. C'est son beau-frère qui l'a dénoncé auprès de la police après avoir vu un reportage sur l'affaire. Il se souvient d'une troublante confession de Pedro Hernandez à propos d'une agression d'un "muchacho", un petit garçon, il y a trente ans.

L'homme n'était pas connu de la police. "Les gens qui pensaient que c'était Ramos, disaient qu'il était connu comme un pédophile et Pedro Hernandez n'a jamais été arrêté ou condamné pour un crime", résume Lisa Cohen, ancienne journaliste télé et invitée de L'Heure du crime. 

En 2017, Pedro Hernandez est condamné à 25 ans de prison pour kidnapping et meurtre. Pourtant, le verdict n'a jamais fait l'unanimité. "Il y a toujours des doutes. D'ailleurs l'Innocence Project, qui ne prend pas les cas à la légère, avait énormément de doutes du fait que tout repose sur ses aveux. On n'a absolument aucun indice matériel", explique Philippe Coste. 

Les invités de l'émission

- Lisa Cohen, ancienne journaliste télé, productrice et réalisatrice, auteur du livre After Etan publié en anglais aux éditions Grand Central Publishing. Elle est directrice du prix Dupont-Columbia à l’école de journalisme de Columbia. 
- Philippe Coste, journaliste, correspondant aux États-Unis pour plusieurs médias.  

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