Affaire Sabine Darmoise : l’erreur judiciaire est dans l’ADN

L'ADN ne ment pas. Il peut indifféremment désigner un coupable ou exonérer un innocent. L’ADN, parfois présenté comme la reine des preuves, serait infaillible. C'est donc logiquement qu'à l'hiver 2004, l'électricien de Mulhouse, Alex Strubel, s'est retrouvé accusé du meurtre de sa femme Sabine Darmoise. 

Son cheveu était dans la main de la victime, son ADN se trouvait sur la scène de crime. L'enquête scientifique avait parlé. Dans la foulée, cet homme était présenté comme un suspect évident, un individu empêtré dans ses mensonges, un mari qui ne s'entendait plus du tout avec son épouse, il l’aurait donc tuée et découpée en morceaux. 

"Ils formaient un couple un peu spécial dans la mesure où ils avaient des rapports relativement conflictuels, mais très amoureux, du moins en ce qui concerne Alex Strubel", indique Me Alex Civallero, avocat d'Alex Strubel et invité de L'Heure du crime. 

Au fil des mois, les experts vont toutefois livrer une tout autre lecture de l'affaire, au point de révéler un autre scénario. 

Tout semble l'accabler

Alex Strubel nie avoir tué son épouse Sabine Darmoise, mais personne alors ne l'écoute. Tout semble l'accabler, ses imprécisions, ses mensonges et surtout l'ADN qui pèse de tout son poids dans la balance. "Il ne faut pas oublier que dans cette garde-à-vue, il y avait l'ADN, mais il y avait d'autres éléments. Il y avait ce couteau identique qui avait été retrouvé dans un des sacs à son domicile", rappelle Gilles Poirier, enquêteur à la Police judiciaire de Mulhouse lors de l'affaire et invité de L'Heure du crime. 

Après quarante-huit heures de garde à vue, Alex Strubel, 43 ans, confondu par l’ADN, est mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire. 

Fin 2007, plus de cinq ans après la mort de Sabine Darmoise, les enquêteurs sont informés d'une incroyable découverte. Il existe un autre ADN masculin strictement identique à celui d’Alex Strubel. Cet ADN mitochondrial jumeau est celui du dénommé Pascal Boutherin, 39 ans, inscrit depuis quelques mois au fichier des empreintes génétiques, le FNAEG, après avoir été impliqué dans une affaire de proxénétisme. 

Pascal Boutherin, qui a croisé la route de nombreuses femmes, était connu pour ses violences. Il avait l'habitude de frapper ses compagnes. Le 26 mars 2009, l'électricien bénéficie d'un non-lieu. "Je pense qu'Alex Strubel a été remis en liberté et finalement innocenté pour un motif de hasard", confie Me Alex Civallero, avocat d'Alex Strubel. 

Ce dossier a prouvé que l'ADN n'est pas forcément la reine des preuves. "Je reste convaincu qu'aujourd'hui, avec les mêmes éléments d'enquête, on n'arriverait pas aux mêmes conclusions. Strubel ferait sans doute une garde-à-vue et serait libéré à l'issue de sa garde-à-vue", estime Alain Cheval, journaliste aux Dernières Nouvelles d'Alsace et invité de L'Heure du crime. 

Les invités de l'émission

- Me Alex Civallero, avocat au barreau de Mulhouse et avocat d'Alex Strubel.
- Gilles Poirier, enquêteur à la Police judiciaire de Mulhouse lors de l'affaire. 
- Alain Cheval, journaliste aux Dernières Nouvelles d'Alsace.  

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