Disparition de Valérie Anès : qui a enlevé cette petite fille de 11 ans ?

Samedi 6 mars 1982, Adelina Anès rentre chez elle, à une vingtaine de kilomètres de Dax. La mère de famille se demande pourquoi la cadette de ses cinq filles, Valérie, 11 ans, n'est pas là. La mère ignore alors qu’une copine de sa fille, Sylvie, vient de retrouver le vélo jaune de Valérie, dans la forêt proche, sur le bas-côté de la route. Sur place, près d’un petit pont et d’un ruisseau, on découvre le manteau gris et le sac de l'écolière. La petite fille, elle, est introuvable. Les gendarmes pensent à un enlèvement.

La police judiciaire passe en revue les dossiers de tous les délinquants sexuels de la région. Lundi 9 décembre 1985, Robert Guinet, 44 ans, est en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire de Bayonne. Ce détenu intéresse les enquêteurs car il est impliqué dans le viol et le meurtre de Magali Forabosco, 7 ans, dans le Lot-et-Garonne. 

"C'est l'as du crime sexuel. Il a un très lourd passé. Il est instance d'être jugé pour deux autres affaires où il écopera de 40 années de réclusion criminelle parce qu'il est en récidive, raconte Me Thierry Sagardoytho, avocat au barreau de Pau. Et il est surtout mis en cause dans l'affaire Magali Forabosco, dans le département voisin. Son mode opératoire est identique." 

Après huit heures de garde à vue, le suspect craque. Le 6 mars 1982, il était bien dans les Landes, en voiture. Il a croisé Valérie Anès sur son vélo. Pris d'une "pulsion", il a brutalement ouvert sa portière pour faire chuter l'enfant, l'a assommée avant d'essayer de la violer. Il a étranglé la victime et s'est débarrassé du corps. Robert Guinet réitère ses aveux devant le juge en donnant des détails très précis, difficiles à inventer. L'homme est inculpé d'enlèvement, tentative de viol et meurtre.

C'est la police qui m'a donné tous les éléments. Je n'ai fais que répéter des trucs que j'avais entendu.

Robert Guinet

L’affaire parait bouclée, mais le corps de la jeune fille reste introuvable. "Il ne se souvient de rien. Ce que veulent les enquêteurs, c'est le corps de Valérie pour pouvoir faire parler la dépouille, explique Me Thierry Sagardoytho. Sans ça, c'est l'impasse. Donc le juge se met à douter. S'agit-il d'un mythomane ?"

Jeudi 26 juin 1986, six mois après ses aveux, Robert Guinet se rétracte. "C'est la police qui m'a donné tous les éléments. Je n'ai fait que répéter des trucs que j'avais entendus", affirme-t-il. Ses codétenus l'ont d’ailleurs encouragé à se rétracter. "Il faut aussi savoir qu'il a passé je ne sais combien de mois voir d'années en détention dans un quartier probablement réservé aux pointeurs, c'est-à-dire qui sont aussi des délinquants sexuels. La perversité dans ces crimes est souvent assorties d'une forme d'intelligence, d'opportunisme. Si on peut nier, on nie, affirme Me Alain Guilhemsang, avocat de la famille de Valérie Anès.

Lundi 7 février 1994, Robert Guinet, 53 ans, est dans le box des accusés de la cour d'assises des Landes, à Mont-de-Marsan. Il répète qu'il n'a rien à voir avec cette affaire. Les avocats de Guinet dénoncent un dossier vide. Le 10 février, un vent de surprise souffle sur la salle d'audience : Robert Guinet est acquitté au bénéfice du doute.

Après l'acquittement de Robert Guinet, aucun autre suspect n'a été identifié. En 2012, le journal Sud-Ouest remarquait que cet homme, qui serait alors âgé de 71 ans, n’était plus inscrit au fichier des personnes détenues.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Me Alain Guilhemsang, avocat au barreau de Dax et avocat de la famille de Valérie Anès.
- Me Thierry Sagardoytho, avocat au barreau de Pau et auteur du livre Affaires classées en Béarn et Pays basque, publié aux éditions Sud-Ouest.

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