En octobre 2004, un grand procès s'ouvre devant la cour d'Assises de l'Yonne, à Auxerre : celui d'Émile Louis. Le sexagénaire est accusé d'avoir tué sept jeunes filles dans la région, au cours des années 1970. Seuls deux corps ont été retrouvés par les autorités lors des recherches. Face aux gendarmes, l'accusé avoue les sept crimes avant de se rétracter.
L'homme, qui a déjà été condamné quelques mois plus tôt dans une autre affaire, nie les faits face à la Cour. Le 25 novembre 2004, il est finalement condamné à une peine de prison à perpétuité pour sept viols et assassinats liées à l'affaire appelée "Les disparues de l'Yonne".
Il aura fallu 30 ans pour qu'Émile Louis soit jugé, en raison de nombreux dysfonctionnements dans l'enquête. "Dans ce procès, la place des victimes est tout à fait particulière, car sans leurs actions et leur détermination, le procès n'aurait jamais eu lieu", estime Jean-Pierre Getti dans Les Voix du Crime.
Elles ont toutes un profil identique : ce sont des jeunes handicapées mentales, mais qui, à chaque fois, disparaissent dans des conditions très proches.
Jean-Pierre Getti, ex-juge d'instruction
Le magistrat qui a présidé la cour d'assises de l'Yonne revient sur le profil des victimes et les établissements dans lesquelles celles-ci étaient logées. "Ces victimes sont des jeunes filles placées dans un établissement géré par la DDASS et par l'association l'APAJH, qui, à Auxerre, a un très grand retentissement et une très grande importance", explique-t-il.
L'ancien magistrat poursuit : "Ce sont des établissements qui, dans le département de l'Yonne, sont nombreux et gérés par un couple qui prend en charge ces jeunes filles. Elles ont toutes un profil identique : ce sont des jeunes handicapées mentales, mais qui, à chaque fois, disparaissent dans des conditions très proches les unes des autres".
Françoise Lemoine (27 ans), Christine Marlot (15 ans), Jacqueline Weiss (18 ans), Chantal Gras (18 ans), Madeleine Dejust (21 ans), Bernadette Lemoine (19 ans) et Martine Renault (16 ans) sont les sept victimes connues. La plupart d'entre elles ont été retrouvées dans un lieu nommé comme étant le "cimetière" d'Émile Louis", dans les sous-bois de la commune de Rouvray (Yonne). C'est ici que le protagoniste avait l'habitude d'enterrer les corps de ses victimes.
Le gendarme Jambert s'était très tôt rendu compte qu'un individu était toujours présent lors des disparitions de ces jeunes filles.
Jean-Pierre Getti, ex-juge d'instruction
Le gendarme Christian Jambert, mystérieusement retrouvé mort dans une cave en 1997, avait alerté le parquet d'Auxerre sur la possibilité qu'Émile Louis soit impliqué dans les disparitions de ces jeunes femmes. Il "avait rédigé un rapport en 1984, qui a été laissé de côté et n'a jamais été exploité jusqu'à ce que l'affaire reprenne à nouveau un intérêt", explique Jean-Pierre Getti.
"Le gendarme Jambert s'était très tôt rendu compte qu'un individu était toujours présent lors des disparitions de ces jeunes filles, et qu'il était le chauffeur du bus qui les prenait en charge entre leur établissement où elles travaillaient dans la journée, et leur lieu de résidence où elles passaient la nuit", ajoute l'ex-magistrat.
Emile Louis est décédé en 2013, emportant avec lui les possibles noms d'autres victimes. Pour autant, la justice poursuit sa quête de vérité. En septembre et octobre 2024, de nouvelles fouilles ont été réalisées dans le cadre de l'enquête ouverte par la gendarmerie de Rouvray (Yonne) pour une disparition datant de 1975. Plus de 140 gendarmes et militaires et ont été déployés sur place, dont une dizaine appartenant à l'armée de terre.
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