Quatre-vingt-dix ans après, le mobile de leur crime reste mystérieux. Leur portrait lui, marque les annales criminelles françaises. Les sœurs Papin ont été condamnées en 1933 au Mans pour le double meurtre de leur patronne - elles étaient domestiques - et de sa fille.
Défendue par Germaine Brière, première avocate inscrite au barreau local, elles ont été déclarées responsables pénalement malgré la sauvagerie de leur crime et la volonté de leur conseil de prouver leur folie - notamment celle de Christine, l'aînée.
Yeux arrachés, corps lacérés, visages tabassés... Comment une telle violence a-t-elle pu être déclenchée ? La première version des deux sœurs est la suivante : une dispute a éclaté à la suite d'une remarque de Madame Lancelin, leur patronne, conduisant Christine et Léa à se déchaîner sur leurs victimes. Puis, Christine disculpe sa sœur : après une crise d'hallucinations en prison, elle dit être la seule à avoir commis le meurtre. Pour son avocate, Germaine Brière, il n'y a aucun doute : sa cliente n'est pas responsable pénalement pour la simple et bonne raison qu'elle souffre d'une pathologie mentale.
Christine Papin, quand elle reçoit le verdict, tombe à genoux en position de prière
Julia Minkowski
Malheureusement, la stratégie de l'avocate ne fonctionne pas. Christine Papin est condamnée la peine capitale, et sa sœur Léa, à dix ans de travaux forcés. "Christine Papin, quand elle reçoit le verdict, elle tombe à genoux en position de prière", rapporte Me Julia Minkowski dans Les Voix du crime. Une scène que l'avocate décrit dans son livre consacré à l'affaire, Par-delà l'attente (JC Lattès, 2022).