INVITÉ RTL - Affaire Dany Leprince : "Il a eu des pressions (...), ce sont de faux aveux", dit son avocat

La requête en révision de Dany Leprince, qui souhaite obtenir l'annulation de sa condamnation à perpétuité pour le quadruple meurtre de son frère, sa belle-sœur et deux de ses nièces en 1994 dans la Sarthe, est transmise à la Cour de révision, a annoncé jeudi 23 janvier la commission d'instruction.

Âgé aujourd'hui de 67 ans, Dany Leprince a été condamné en 1997 à la réclusion criminelle à perpétuité, avec 22 ans de sûreté. Après avoir passé 17 ans en prison, il avait déjà bénéficié d’une liberté conditionnelle en 2012.

"Nous avons été entendus par les hauts magistrats qui ont reconnu qu’il y avait des éléments nouveaux inconnus de la juridiction", a déclaré Me Olivier Morice, l’avocat de Dany Leprince, au micro de RTL. "Ces éléments sont de nature à faire naître un doute sur sa culpabilité", a-t-il ajouté, expliquant qu’il est "très rare que la commission d’instruction accepte cela… nous avons franchi une première étape qui est très importante", a encore affirmé Me Olivier Morice.

À présent, la Cour de révision peut ordonner un supplément d'information, à savoir de nouvelles investigations. Elle peut également organiser la tenue d'un nouveau procès si elle estime que l'affaire est "en état".

L’avocat de Dany Leprince a par ailleurs indiqué que son client a appris la nouvelle "avec beaucoup d’émotion", ajoutant qu’"il est déterminé, c’est un homme qui clame depuis plus de 30 ans son innocence. Il a subi énormément de coups, il a été déçu à plusieurs reprises, mais il me dit à chaque fois ‘je suis innocent, il faut aller au bout, on va y arriver’", a confié Me Olivier Morice.

Des aveux contestés

Accusé par sa femme Martine Compain, dont il est depuis divorcé, et sa fille aînée Célia, celui qui fut surnommé "le boucher de la Sarthe" avait reconnu lors de sa garde à vue avoir tué son frère, sans pour autant évoquer les trois autres victimes. Mais il s’était rapidement rétracté, affirmant que ses aveux avaient été extorqués par les enquêteurs. "En fait, il a eu des pressions qui ont été exercées à la 46e heure", affirme l’avocat de Dany Leprince, précisant qu’"il avait peur que ses enfants puissent être placés".

Ces aveux sont aujourd’hui lourdement remis en cause. En effet, si Dany Leprince avait déclaré lors de son audition qu’il n’avait pas été aspergé de sang lorsqu’il a tué son frère, les experts qui ont depuis examiné le dossier ont conclu qu’il était "impossible que l’auteur des faits n’ait pas été aspergé de sang de la tête aux pieds", argue Me Olivier Morice.

Pour rendre sa décision, la commission d’instruction s’est appuyée sur un mémoire de 200 pages transmis par l’avocat de Dany Leprince. "Nous avons mis en évidence des éléments qui nous semblent déterminants pour démontrer que Dany Leprince a été mal jugé", a estimé l'avocat.

Les révisions de condamnations pénales restent rares en France : seules une dizaine de requêtes ont abouti depuis 1945 dans des affaires de meurtre ou de viol.

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