Affaire Cyril Koskinas : quel est le profil psychologique du tueur du Canal de l'Ourcq ?

Lundi 19 juillet 2004, une femme qui promène son chien près de l'écluse de Fresnes-sur-Marne, à une heure de Paris, est intriguée par l'aboiement de l'animal. Le chien a repéré une forme coincée sur le bord du canal de l'Ourcq. Un corps de femme, totalement dénudé et en décomposition. 

Le lendemain, des ouvriers remontent un second corps. Une femme ligotée et noyée, ayant subi une tentative d'étranglement. Le temps passé dans l'eau rend impossible toute identification. 

Trois jours après la découverte du premier corps, un test ADN confirme l'identité du corps numéro 2. Elle s'appelait Angélique Desposte. Les gendarmes interrogent les proches de cette jeune femme qui travaillait en intérim. 

Un nom apparait : Cyril Koskinas. Il détonne par son allure gothique. Tout de noir vêtu, sourcils épilés, cheveux longs rasés sur les tempes, tatouages. Il présente Angélique comme sa meilleure amie. La dernière fois qu'il l'a vue, c'était le matin de la disparition.

L'ex petite amie

Cyril Koskinas, 23 ans, est en garde à vue. Les enquêteurs considèrent son alibi fragile. Qui plus est, il y a un mois, il a été visé par la plainte d'une jeune femme, pour "agression sexuelle et séquestration." Koskinas lui aurait imposé des jeux sexuels sadomasochistes, des liens et un bâillon-boule enfoncé dans la bouche. Il l'avait enfermée chez lui pendant cinq jours. On ne l'a pas crue, sa plainte a été classée. 

Mercredi 28 juillet 2004, Cyril Koskinas répond aux gendarmes de la section de recherches de Paris. En pleine garde à vue, les enquêteurs perquisitionnent chez lui. L'appartement est propre, rangé au cordeau, tapissé de photos de top models et de stars de la chanson. Un pan de mur est couvert d'images d'Alice, une ancienne petite amie qui l'a quitté.

" Alice le contenait. Dans la relation avec Alice, il y avait aussi cette dimension sadomasochiste, mais il y avait de l'attachement et de la relation fusionnelle. Alors quand Alice le quitte, il n'y a plus que la destructivité au premier plan. Je pense que ça a été un élément très important ", explique dans L'Heure du Crime Daniel Zaguri, psychiatre qui a expertisé Cyril Koskinas. 

Les vidéos de l'horreur

Lors de la perquisition, les gendarmes découvrent des preuves accablantes : un rouleau de ruban adhésif identique à celui utilisé sur la première victime, des accessoires sexuels et des cassettes VHS cachées dans un dictionnaire évidé. Les vidéos montrent Angélique lors d'une séance sadomasochiste, elle supplie que ça s'arrête et elle n'arrive plus à respirer. 

Confronté aux vidéos, Cyril Koskinas avoue avoir tué Angélique Desposte. Il décrit la séance sadomasochiste qui s'est déroulée chez lui le lundi 19 juillet. La jeune femme avait selon lui accepté d'être bâillonnée, cagoulée et attachée. Il a filmé la scène. "Elle gémissait, mais je croyais qu'elle le faisait exprès" dit-il. À un moment, elle a perdu connaissance. Il a tenté de la ranimer. Sans succès. 

Il est resté sans réaction pendant cinq heures. Il a ensuite placé son corps nu dans un sac-poubelle et l'a transportée de nuit jusqu'à l'écluse de Fresnes-sur-Marne, où il l'a jetée à l'eau. Koskinas est mis en examen pour l'assassinat d'Angélique, mais aussi pour la seconde femme, Omeyna, 27 ans, une escort-girl. 

Un tueur en série

Les enquêteurs décrivent Cyril Koskinas comme un chasseur de femmes. Des dizaines de contacts et de numéros de téléphone figurent dans son répertoire. "Tous les éléments montrent bien qu'il s'agit d'un véritable tueur en série, heureusement arrêté à ses débuts" indique le procureur de Meaux.

Mardi 9 septembre 2008, Cyril Koskinas, 27 ans, est devant la cour d'assises de la Seine-et-Marne, à Melun. Il n'a plus de tenue gothique, mais une veste rouge sang. Maître Stéphanie Thierry-Leufroy, avocate de la famille d’Angélique Despostes observe le comportement de l'accusé " Cyril Koskinas est un pervers donc il joue. Il va jouer avec le service enquêteurs, il va jouer avec mes clients." 

Bien décidé à se faire remarquer, au président de la cour qui l'interroge sur le plaisir éprouvé dans les rapports sadomasochistes, il lui conseille d'essayer. Il s'en prend à l'avocate de la partie civile en la décrivant comme un peu coincée. Une semaine plus tard, Cyril Koskinas est condamné à la perpétuité sans peine de sûreté. Il va renoncer à faire appel. 

Les invités de "L'Heure du crime"

- Maître Stéphanie Thierry-Leufroy, avocat au barreau de Meaux et avocate de la famille d’Angélique Despostes. 


- Docteur Daniel Zagury, psychiatre, expert auprès de la cour d’Appel de Paris. Il a expertisé Cyril Koskinas. 

 - Stéphane Touvet, chef d’escadron à la Section de Recherches de Paris

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