Francette Pierre-Émile : la disparue de Fort-de-France

Mardi 2 décembre 2014, Gérard Pierre-Émile se présente au commissariat de Fort-de-France pour signaler la disparition de son épouse, Francette, 59 ans, professeure des écoles. Elle a quitté l'établissement scolaire vers 11h50, après avoir donné un cours d'éducation physique à une classe de CE2, mais elle ne s’est pas présenté à la reprise des cours l’après-midi. "Ce n'est pas dans ses habitudes. Elle est toujours à l'heure. Ça ne cadre pas avec le personnage", va déclarer un proche au journal France-Antilles. 

Au lendemain de la disparition, des fouilles sont conduites. La voiture de la disparue est repérée sur un parking de la commune de Schoelcher, non loin de l'école. Lors de l'inspection, le mari remarque que le siège conducteur est anormalement reculé : le dernier utilisateur du véhicule est un individu de grande taille. De nombreuses taches de sang appartenant à Francette Pierre-Émile sont aussi détectées dans le coffre, dont certaines ont été lessivées vigoureusement, les rendant quasiment invisibles. 

Les proches ne connaissent aucun ennemi à Francette. Le fils indique que sa mère s’est toutefois heurtée à l’ex petit-ami de sa sœur, un certain Philippe Ponsar, gérant d’une société de sécurité. Alexa, confirme que sa mère craignait son ex petit ami qu'elle décrit comme un homme violent. Il aurait même été mis en cause il y a quelques années dans une affaire de tentative de viol.

C'est alors qu'un habitant de Fort-de-France, qui connait Francette Pierre-Émile, certifie l'avoir vue discuter avec un homme mardi, jour de la disparition, qui pourrait correspondre à Philippe Ponsar. Il est alors entendu comme simple témoin, puis mis en gare-à vue : les enquêteurs ont retrouvé son ADN dans la voiture de la disparue. Il y en a sur la poignée intérieure côté conducteur et sur le bord du siège conducteur. Philippe Ponsar nie l’enlèvement, mais il est mis en examen pour enlèvement et meurtre, et est écroué. 

Un accident ?

Finalement, à la demande de ses nouveaux avocats, il accepte de guider les enquêteurs jusqu'au corps de l’institutrice. Elle gît dans un ravin, le bas du corps totalement dénudé. Le cadavre, exposé aux intempéries, s'est dégradé à grande vitesse à tel point que le légiste ne peut pas déterminer les causes de la mort. Impossible également de savoir si la mère de famille a été violée.

"En interrogeant les proches de Francette Pierre-Émile, on commence à avoir un mobile qui se dessine. On se rend compte qu'il a une espèce de haine pour elle parce que lui veut continuer à avoir des liens avec la famille Pierre-Émile, même depuis la séparation avec Alexa. Ce qu'il arrive à faire avec le mari de Francette Pierre-Émile. Elle, elle refuse, indique Camille Desmaison-Fernandez, journaliste qui a réalisé un épisode de Chroniques Criminelles sur cette affaire. Et on se rend compte que quelques jours avant la disparition de Francette, Philippe Ponsar se rend chez les Pierre-Émile et va demander à être présent pour la célébration de Noël. Francette dit non. Et on pourrait se dire que ce désaveux va créer une colère chez Philippe Ponsar."

Jeudi 11 juin 2015, trois ans après la mort de Francette Pierre-Émile, Philippe Ponsar donne une dix-neuvième version des faits. Selon lui, la victime l'a suivie à son domicile. Une dispute a éclaté. Il l'a repoussée, elle est tombée et saignait de la tête. Elle s'est mise à crier alors il l'a bâillonnée avant de la déposer dans un ravin. Était-elle déjà morte à ce moment-là ? "Philippe Ponsar dit que c'est un accident et qu'elle est décédée chez lui. Or, quatre jours après sa disparition, Philippe Ponsar fait des recherches sur internet. Il s'est notamment posé la question : "Combien de temps un humain peut vivre sans eau et sans nourriture". Donc on n'imagine qu'il s'est demandé si Francette Pierre-Émile avait survécu ou non."

Lundi 15 octobre 2018, Philippe Ponsar, 50 ans, est devant la cour d'assises de Fort-de-France, en Martinique. L'accusé s’accroche toujours à la thèse de l'accident. Il sera finalement condamné à trente ans de prison, avec vingt ans de sûreté. Un an après sa condamnation, il avait été transféré en métropole, à la prison de Fresnes.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Camille Desmaison-Fernandez, journaliste qui a réalisé un épisode de Chroniques Criminelles sur cette affaire.
- Me Dinah Rioual-Rosier, avocate honoraire qui a travaillé au barreau de Martinique pendant 45 ans, avocate du mari et des enfants de Francette Pierre-Émile.

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